Le Premier ministre israélien n'a même pas attendu les conclusions du sommet arabe d'Alger pour montrer à quel point il était indifférent et que, de toutes façons, il ne fallait attendre de sa part aucun engagement. C'est lui qui opposait une fin de non-recevoir au plan de Beyrouth soumis par l'Arabie Saoudite qui proposait à Israël une normalisation arabe globale contre un retrait israélien de tous les territoires arabes occupés. C'est d'ailleurs cette position qui allait être réaffirmée par le sommet d'Alger qui s'ouvre aujourd'hui, mais Sharon s'est montré intransigeant et même provocateur, en ordonnant une extension de la colonisation juive dans les territoires palestiniens occupés. A cet égard, le négociateur palestinien en chef Saeb Erakat a dénoncé hier l'agrandissement de colonies annoncé par Israël, accusant l'Etat hébreu de torpiller ainsi les efforts visant à relancer le processus de paix. Le ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz, a approuvé dimanche la construction de plus de 3500 logements supplémentaires à Maalé Adoumim, une implantation urbaine à 10 km d'El Qods-Est. L'objectif est de relier Maalé Adoumim aux quartiers de colonisation israéliens de la ville sainte, occupée et annexée depuis 1967. Un haut responsable israélien a affirmé hier qu'Israël allait continuer à construire des logements dans les trois principales colonies juives de Cisjordanie, dont Maalé Adoumim. « La décision du gouvernement israélien et de son ministre de la Défense de construire plus de 3500 unités à Maalé Adoumim signifie le sabotage de tout effort destiné à remettre le processus de paix sur les rails », a déclaré M. Erakat. « Le gouvernement israélien veut décider du sort d'El Qods en imposant des faits accomplis avec les colonies et avec le mur », a-t-il ajouté, faisant référence à la barrière de séparation construite par Israël en Cisjordanie. « Nous demandons au Quartette et au président américain George Bush : qu'advient-il de la vision de deux Etats et comment peut-on instaurer la paix alors que la construction des colonies et du mur se poursuit ? », a poursuivi le responsable palestinien. Le Quartette, qui regroupe les Etats-Unis, l'Union européenne, l'Onu et la Russie, est l'auteur du plan de paix dit Feuille de route qui prévoit la création d'un Etat palestinien indépendant, en principe en 2005. Ce plan prévoit le gel de toutes les activités de colonisation dans les territoires palestiniens. Plus que cela, un haut responsable israélien a affirmé hier qu'Israël allait continuer à étendre ces colonies, « car ces secteurs ne seront jamais transférés à l'Autorité palestinienne ». Il a même précisé qu'il ne « s'agit pas de colonies sauvages, mais d'implantations parfaitement légales où nous continuerons à construire des logements, des bureaux administratifs et des zones industrielles en fonction de nos besoins », a ajouté ce responsable. Maalé Adoumim, une cité-dortoir, compte près de 28 000 habitants et constitue la plus importante colonie de peuplement en Cisjordanie. Il existe un véritable consensus en Israël pour que cette implantation fasse partie d'Israël dans tout accord de paix définitif avec les Palestiniens. Le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, a affirmé à plusieurs reprises son intention de renforcer les groupes de colonisation en Cisjordanie. Et moins d'une semaine après sa rencontre de Sharm El Cheikh avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, il reniait ses propres engagements. « Grâce à la colonisation, nous garderons pour l'éternité des positions importantes, essentielles à notre existence, à Jérusalem notre capitale unifiée pour toujours, dans les groupes d'implantations qui se trouvent dans les lieux les plus sacrés de notre histoire et dans les zones de sécurité capitales pour notre défense », avait-il notamment déclaré le 3 mars au comité central du Likoud, son parti. C'est donc la fin d'un espoir même très mince connaissant les véritables intentions d'Israël, malgré l'existence de la Feuille de route, un plan de paix international demandant notamment le gel de la colonisation.