Que peut un Premier ministre israélien convaincu ou tout simplement cité dans des affaires d'argent, autrement dit de corruption ? C'est dans cette position peu enviable que se trouve l'Israélien Ehud Olmert, qui donne encore l'illusion de vouloir conclure la paix avec les palestiniens, alors que tout le monde, et lui aussi probablement, est convaincu du contraire. Ce sont d'ailleurs les faits qui le démontrent chaque jour avec en particulier l'extension de la colonisation israélienne, au point d'agacer ses alliés étrangers qui ne dédaignent quant à eux, un quelconque succès diplomatique. Ce que ni Israël ni son Premier ministre ne sont prêts à concéder. Et c'est la triste réalité imposée au peuple palestinien, avec l'approbation de pays connus pour leur parti pris. C'est dans ce contexte que Ehud Olmert devait rencontrer hier le président palestinien Mahmoud Abbas, dans la foulée d'une visite de la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice. Quelques heures plus tôt, Mme Rice s'est entretenue une dernière fois en tête-à-tête avec M. Olmert durant environ une heure, avant de s'envoler pour les Etats-Unis. Aucune information n'a filtré sur la teneur des discussions. La veille, elle avait indiqué qu'elle demanderait à M. Olmert de lever des barrages significatifs en Cisjordanie, afin d'améliorer la circulation des Palestiniens dans ce territoire occupé. « L'une des choses que nous sommes en train d'examiner, c'est l'impact qualitatif et non quantitatif de certaines améliorations aux mouvements et accès », avait-elle dit après un entretien avec M. Abbas à Ramallah en Cisjordanie, comme si cela constituait en soi un engagement réel, sincère et irréversible pour la paix. Selon un rapport de l'ONU, Israël a levé 44 « obstacles » en Cisjordanie sur les 61, qu'il s'était engagé à supprimer. Mais la plupart n'ont que peu ou pas d'importance. Mme Rice, qui effectuait sa quinzième visite dans la région en deux ans, n'a pas fait état d'engagement israélien sur la levée de barrages. Vivant avec ces barrages comme les signes évidents, mais pas les seuls de l'occupation israélienne, les Palestiniens, qui se sont plaints de l'absence d'engagements israéliens, notamment sur la question de la colonisation, se montrent pessimistes sur les chances d'aboutir à un accord avant fin 2008, comme souhaité par l'Administration américaine. « Il est clair que nous devons nous occuper de la situation sur le terrain d'un côté, de l'autre, Israël respectera ses obligations de la feuille de route », s'est borné à commenter la chef de la diplomatie israélienne, Tzipi Livni, après une réunion avec son homologue américaine dimanche, encore faut-il dire lesquels, puisque cette feuille de route a tellement été triturée par Israël qui l'a vidée de tous les engagements qu'elle comportait, qu'elle en a perdu sa réelle substance. Néanmoins, Mme Rice a réaffirmé son optimisme sur les chances de conclure un accord d'ici la fin de l'année, se déclarant « impressionnée par le sérieux et la profondeur des discussions » israélo-palestiniennes. Celles-ci, relancées en novembre 2007 à la conférence d'Annapolis aux Etats-Unis, n'ont enregistré jusque-là, aucun progrès significatif. La tournée de Mme Rice survient au moment où M. Olmert a été entendu vendredi, par une équipe de la police des fraudes sur une une nouvelle affaire de corruption. Les médias ont été interdits par la justice de publier toute information à ce sujet sous peine de poursuites. Mais selon la radio de l'armée, citant des sources policières et du procureur de l'Etat, cette interdiction devrait être levée partiellement sous 24 heures. Citant des « sources » ou des fuites, les médias israéliens ont, tout au long du week-end, indiqué que l'affaire est particulièrement « grave » et pourrait acculer M. Olmert à la démission, ce que souhaite l'opposition de droite. Signe de la pression croissante, M. Olmert a annulé une série d'entretiens prévus avec les principaux médias israéliens, pour les célébrations du 60e anniversaire de la création de l'Etat d'Israël, qui débutent le 8 mai. C'est ce qu'on appelle la gestion par la crise, propre à Israël, avec son système de coalition qui place tout gouvernement dans la précarité. Et si un cabinet venait à franchir cet obstacle, c'est la justice qui s'en mêle, ou bien alors des tueurs comme pour l'ancien premier ministre Yitzhak Rabin.