Liverpool, vainqueur de la Juventus (2-1) mardi en quart de finale aller de la Ligue des champions de football, semble en passe de renouer avec sa prestigieuse histoire européenne qui s'était brutalement arrêtée un soir de mai 1985 au Heysel. Les Reds savent toutefois que le but encaissé sur une erreur de leur jeune gardien Scott Carson (19 ans), va leur compliquer la tâche au pied des Alpes. Dans le duel des outsiders, le PSV a lui aussi inscrit à Lyon (1-1) un but qui risque de peser lourd au match retour aux Pays-Bas. Les deux autres quarts de finale aller, Milan AC Inter et Chelsea-Bayern Munich, avaient lieu hier soir. Vingt après la finale maudite du Heysel, les Reds ont donc tourné la page la plus noire de leur histoire en offrant aux 41 000 spectateurs d'Anfield une superbe soirée de football. Ils peuvent même envisager à nouveau une victoire en C1, dont leur quatrième et dernière levée remonte à 1984. La Juventus, invisible pendant une heure à Anfield Road, s'en tire néanmoins bien avec une courte défaite qui entretient ses chances. “Pendant soixante minutes, on n'a pas joué”, peste l'entraîneur turinois Fabio Capello, qui, la veille du match, redoutait le manque de rythme de son équipe privée de compétition depuis le 20 mars en raison de la mini-trêve internationale et du décès du pape Jean-Paul II. “Cela a été beaucoup mieux en seconde période”, se réjouit un Capello, “évidemment content du résultat final après avoir été menés 2-0”. La Juve peut remercier Carson qui, pour sa première apparition en Ligue des champions, n'a pas redoré le blason des gardiens anglais en laissant échapper une tête peu appuyée de Cannavaro. L'entraîneur de Liverpool Rafael Benitez, qui rêve de soulever la Ligue des champions un an après la Coupe de l'UEFA avec Valence CF, n'en veut toutefois pas trop à son jeune gardien. “Evidemment, je suis déçu d'avoir encaissé un but, souligne Benitez. Mais nous avons fait un bon match, contre une bonne équipe. Et nous avons montré que nous pouvons battre n'importe qui.” L'Olympique lyonnais, rejoint 1-1 après avoir eu le 2-0 au bout du pied, nourrit davantage de regrets. Une déception résumée par son président Jean-Michel Aulas : “2-0 ou 1-1, ce n'est pas du tout la même chose.” Le triple champion de France, qui menait 1-0 depuis l'ouverture du score de Malouda (12e), a manqué le break à la 63e minute quand Govou, aux six mètres, a perdu un duel crucial face au gardien du PSV Gomes. Et les Néerlandais, à onze minutes de la fin du temps réglementaire, ont égalisé par Cocu. “J'en raterais d'autres (des occasions de but), note Govou, philosophe. J'ai choisi un côté et le gardien l'a sorti... Nous sommes un peu abattus mais il reste 90 minutes à jouer et nous avons confiance.” “Ce n'est pas terminé”, confirme Juninho qui connaît les grandes capacités de l'OL à voyager, comme à Brême (3-0) en 8e de finale. Les Néerlandais, eux, ne veulent pas vendre la peau du Lyon avant de l'avoir tué. “La qualification n'est pas acquise”, insiste l'entraîneur Guus Hiddink alors que Cocu prévient : “ça va être compliqué. Lyon est une équipe qui ne joue pas différemment à domicile et à l'extérieur. Elle va être encore plus dangereuse avec des attaquants très rapides.” Les chiffres parlent toutefois en faveur du PSV qui, en onze confrontations contre des clubs français, n'a perdu qu'une fois chez lui (1-2 contre Monaco la saison dernière en première phase) pour cinq victoires et cinq 0-0. Un score vierge qui suffirait à son bonheur dans une semaine à Eindhoven.