Retrouvailles La Juventus Turin retrouve, mardi soir, Liverpool en quarts de finale aller, une équipe qu'elle n'a plus rencontrée depuis vingt ans et le drame du Heysel de Bruxelles où 39 spectateurs sont morts étouffés ou piétinés peu avant la finale de C1. Ce soir du 29 mai 1985, les charges répétées de supporteurs anglais contre les tifosi des tribunes voisines avaient provoqué une panique générale suivie d'une violente et mortelle bousculade où périrent notamment 34 Italiens. La Juve l'avait emporté 1-0 au terme d'un match disputé dans un climat très particulier, sur un penalty du Français Michel Platini. «Il faut se souvenir du Heysel, estime l'entraîneur de la Juve, Fabio Capello, pour rappeler que le football se joue sur le terrain, avec détermination certes, mais sans violence. Ce qui s'est produit ce jour-là ne doit plus jamais arriver.» Le technicien sait bien que sa formation aura non seulement à affronter à Anfield Road les Reds de l'Espagnol Rafael Benitez, mais aussi les angoisses de cette soirée. L'ancienne vedette de la Juve, l'attaquant Paolo Rossi, actuellement consultant sur la chaîne de télévision Sky, n'a pas oublié cette partie. «Un soir funeste, dont on se souviendra longtemps, ce fut incroyable, absurde, une plaie qui restera encore ouverte et pour longtemps, espérons que ce choc de mardi sera joué à l'enseigne de la sportivité», raconte Rossi, champion du monde 1982 et meilleur buteur du Mondial avec la Squadra Azzurra d'Enzo Bearzot. «Le souvenir du Heysel reste bien vivant en moi, raconte le Polonais Zbigniew Boniek, malgré le temps passé. En mémoire des victimes de la tragédie et par respect pour la douleur de toutes les familles, j'aimerais que l'approche de ce match soit celle d'une rencontre importante, mais uniquement sur le plan sportif.» «D'ailleurs, qu'on le veuille ou non, il fallait bien que tôt ou tard le sort mette la Juve et Liverpool à nouveau en présence», dit «Zibi». Pour Boniek, qui avait subi la faute à l'origine du penalty décisif de Platini, l'organisation désastreuse porte la responsabilité dans cette catastrophe, ayant vendu des billets pour les mêmes tribunes aux supporteurs des deux formations sans distinction. Une enceinte inadaptée et des infrastructures insuffisantes firent le reste, transformant la fête attendue en un véritable massacre. Boniek se refusa à encaisser la prime de victoire allouée aux joueurs de la Juve, la reversant aux parents des victimes. «Parce que pour moi, explique-t-il, ce fut tout sauf un match de football, je ne voulus même pas savoir quel était le montant de cette prime.» Marco Tardelli, un autre grand ancien de la Juve, devenu depuis entraîneur de l'équipe d'Arezzo (2e division), en Toscane (centre), ne veut pas trop s'attarder sur ce «très mauvais souvenir», et il est «intimement persuadé» que «ce match (sera) vraiment une fête du football».