C'est un marché qui devait revenir à Sonatrach à 67 milliards de dinars et qui coûtera au final plus de 100 milliards de dinars, soit 1,4 milliard de dollars. L'annonce par Sonatrach du règlement à l'amiable du litige avec Technip sur le projet de réhabilitation de la raffinerie d'Alger ne nous dispense pas de nous interroger sur l'opportunité de tels travaux quand on connaît le surcoût qu'a engendré, d'une part, le grand retard dans l'achèvement des travaux, et d'autre part, la résiliation du contrat avec Technip d'un montant de 67 milliards de milliards de dinars et l'attribution du marché à la société chinoise CPECC pour un montant de 45 milliards de dinars. C'est un marché qui devait revenir à Sonatrach à 908 millions de dollars à l'époque et qui coûtera au final 1,4 milliard de dollars. C'est Sonatrach qui paiera au final l'addition, en raison d'un choix guère judicieux. "La rénovation de la raffinerie d'Alger est un mauvais choix. Il fallait construire une nouvelle raffinerie. C'est moins coûteux (si on considère la durée)", confie un ancien P-DG de Sonatrach. Il faut savoir que la raffinerie d'Alger implantée à Baraki date des années 1960. C'et la plus vieille raffinerie du pays. Il est très compliqué de rénover une raffinerie qui a plus de 50 ans d'âge. C'est d'autant plus compliqué que Sonatrach a demandé non pas de rénover la raffinerie, mais d'augmenter également ses capacités. Sa capacité de production de gasoil devait passer de 737 000 tonnes/an à 1,8 million de tonnes/an, et celle de l'essence super doubler. C'est cette complexité accrue qui est à l'origine en partie du grand retard accumulé par Technip dans la réhabilitation de cette raffinerie. L'autre grand facteur de surcoût sont les arrêts de production de la raffinerie. Le manque d'offre de gasoil engendré par les travaux a obligé Sonatrach à importer de grandes quantités de ce produit pour couvrir les besoins du centre du pays. Avec une nouvelle raffinerie, tous ces problèmes et tous ces surcoûts auraient été évités. La construction d'une nouvelle raffinerie aurait demandé beaucoup moins de temps que tout ce délai pour réhabiliter une raffinerie dont les capacités sont relativement modestes. Mais qui demandera des comptes ? L'autre gros problème que pose cette raffinerie est qu'elle est située sur des terres agricoles. "Il ne faut pas oublier que Baraki est la continuité de la plaine de la Mitidja. Des agriculteurs ont constaté à maintes reprises que leur exploitation a été touchée par la pollution à cause des vieux pipes de brut qui traversent ces terres. Elle est mal implantée. À cause des rejets dans l'air, elle a causé par le passé des problèmes de visibilité pour les avions à l'aéroport de Dar El-Beïda", confie un ancien responsable du ministère de l'Energie. L'autre problématique posée par la réalisation de nouvelles raffineries est l'évaluation des besoins et de l'offre en pétrole. Une raffinerie est configurée pour une durée d'exploitation de 25 ans. Est-on sûr que dans 25 ans, on aura assez de pétrole pour faire fonctionner ces raffineries ? La solution qu'on aurait dû prendre, il y a quelques années, l'acquisition par Sonatrach de raffineries en Europe, qui étaient accessibles en raison de la crise sur le Vieux Continent. On aurait fait du processing avec du brut algérien. Sonatrach aurait gagné de l'argent et gagné sur l'avenir du raffinage national. K. Remouche