L'économie n'est toujours pas au rendez-vous de l'efficacité et de la compétitivité. Si nous devions ouvrir le texte sur une note optimiste, on peut dire à la suite d'un expert que l'Algérie, à l'issue de la première année du second mandat du Président, évolue à un rythme très en deçà des attentes de la population en matière d'amélioration des conditions de vie, mais elle avance. En effet, sur le plan macroéconomique, les résultats sont exceptionnels, jamais atteints depuis l'Indépendance : plus de 32 milliards de dollars d'exportations de marchandises en 2004, 43 milliards de réserves en devises à fin 2004, la poursuite pendant cinq ans des excédents de la balance des paiements, une dette extérieure ramenée à 21 milliards de dollars. Poussée par le premier plan de relance, la croissance est positive depuis de nombreuses années. Elle atteint plus de 5% en 2004. Si on suit les chiffres officiels, l'inflation est également maîtrisée. Et le chômage recule. Il se situe officiellement entre 13 et 17% contre 27% il y a peu d'années. à l'inverse, au plan de l'économie réelle, c'est-à-dire les entreprises, le tableau reste gris. Les deux tiers des entreprises publiques sont au bord de la faillite. Les réformes structurelles avancent à un rythme lent : privatisation, modernisation des banques, de l'administration. Le climat de l'investissement reste peu encourageant. Les entrepreneurs locaux et/ou étrangers rencontrent les mêmes contraintes depuis de nombreuses années : accès difficile au foncier, aux crédits bancaires, lenteurs bureaucratiques. La pause qu'a observée l'Algérie, d'avril 2004 à avril 2005, depuis la fin de la mise en œuvre du premier plan de relance, a-t-elle été mise à profit pour tirer les leçons de la politique volontariste appliquée depuis 2000 ? Les premiers indices disent que l'Algérie continue à gaspiller l'argent public. Nombre de grands projets devant être terminés en 2004 ou 2005 le seront trois à quatre années plus tard : c'est le cas des travaux de transfert de Taksebt ou de Béni-Haroun, les voies ferrées Arzew-Oran, Tizi Ouzou-Oued Aïssi, des programmes de logements AADL à plus de 30 000 dinars le mètre carré ! Les travaux d'embellissement de la capitale à l'occasion du Sommet arabe ont montré avec quelle légèreté certaines entreprises réalisent les travaux dans une ville considérée comme la vitrine du pays, sans qu'aucune autorité ne puisse réclamer des comptes ni suivre le projet pour voir si les travaux ont été effectués avec la qualité requise. Nous ne voulons pas dire qu'il ne fallait pas lancer ces chantiers. Mais de là à encourager la médiocrité… La décentralisation des projets, c'est bien. Encore faut-il que les communes et les wilayas aient les capacités de manager les projets afin d'assurer la réalisation d'ouvrages dans les délais impartis et avec la qualité requise. De disposer d'une fiscale locale à même de couvrir la maintenance des infrastructures. N'oublions pas que l'Algérie reste le royaume des nids-de-poule et des routes défoncées. En fin de compte, le lancement des grands travaux inhérents au premier plan de relance a montré que l'Algérie fait face à des problèmes sérieux de planification et d'organisation des chantiers, de main-d'œuvre qualifiée et d'absence de grandes sociétés locales capables de réaliser des dizaines de milliers de logements dans les délais, et en conformité avec les règles de qualité. L'Algérie avance donc, mais avec des freins serrés. La permanence du laisser- faire sur le marché algérien constitue un sérieux facteur de détérioration des conditions de vie de population et de menace sur la santé et la sécurité des citoyens. L'économie algérienne reste minée par l'anarchie commerciale ouvrant de larges voies à la spéculation, la contrefaçon, l'évasion fiscale. Ne vous étonnez pas si la tomate atteint 120 dinars, la viande 800 à 1 000 dinars. Tous ces phénomènes échappent au système statistique officiel. Ce qui donne un miroir déformant des réalités algériennes : l'impression que les Algériens dans leur majorité se sont enrichis alors qu'en fait, ils se sont appauvris. S'il est vrai que le chef de l'état a redonné espoir aux Algériens et que beaucoup de progrès ont été réalisés grâce au plan de relance, il n'en demeure pas moins qu'on est loin d'avoir réglé les difficultés les plus urgentes : l'accès au logement, l'emploi, et le “SMIC” : de l'eau continue, un cadre de vie salubre. N. R.