La légende vivante de la chanson kabyle Lounis Aït Menguellet s'est produite, ce week-end, à la Maison de la culture Ali-Zaâmoum de Bouira en concert événement. Plus qu'un chanteur, Aït Menguellet est un poète dont la sagesse des mots l'a fait rentrer de son vivant au Panthéon des artistes qui ont marqué de leur empreinte l'histoire de tout un pays. Fidèle à lui-même, ce philosophe a su transcender et transporter son public au firmament de l'art, dans une soirée qui restera gravée dans tous les esprits. La salle de spectacles était pleine à craquer et s'est avérée trop exiguë pour contenir les milliers de fans venus des quatre coins de la wilaya pour admirer leur idole. Ainsi, et dans une salle qui ne peut contenir qu'un millier de personnes, Aït Menguellet a interprété ses plus grands succès. Il a fait son apparition sur scène, sous un tonnerre d'applaudissement, vers les coups de 22h. Avant d'entamer son show, Lounis, en grand seigneur qu'il est, a tenu à saluer le public présent et à s'excuser pour ceux qui n'ont pu accéder à la salle. Ce geste, digne des plus grands, a donné le ton à la soirée dans une totale communion entre l'artiste et son public. Au fil des deux heures qu'a duré le concert, le poète a interprété ses plus belles œuvres, Wara asdhelmagh, El-Khoudja, Sligh iw taksi, Zrigh Mazal, Urdjigh et tant d'autres chansons de son riche répertoire après 50 ans de carrière. Ces tubes ont été repris en chœur par les fans présents. Certains n'ont pas hésité à exprimer leur bonheur et leur enthousiasme de se "délecter" des textes enivrants du troubadour. Petits et grands ont laissé éclater leur joie, les femmes lançant des youyous qui ont raisonné à travers toute l'enceinte, les hommes se sont "lâchés" au rythme d'awid afusim... Le tout dans une ambiance de folie. Lounis Aït Menguellet, fidèle à ses habitudes, a gratifié l'assistance par sa voix mélodieuse et son énergie intarissable. D'ailleurs, et preuve de cette osmose avec son public, l'artiste dégoulinait de sueur, tant l'énergie déployée pour satisfaire ses admirateurs était immense. Vers les coups de 23h, un petit entracte s'imposait afin de permettre aux spectateurs de se "remettre" de leurs émotions et à l'artiste de se désaltérer. Ensuite, et après un court intermède, l'interprète de l'immortelle Ketchini ruh nek adequimagh, est remonté sur scène, sous les ovations d'un public qui lui était totalement acquis. Enchaînant par les non moins célèbres Asednakerat Ifaden, Chaâletagh Tafet, Assidi rabi, il a mis toute la salle en effervescence. Mais une chanson a remporté tous les suffrages et a été réclamée depuis le début du concret, il s'agit du chef-d'œuvre Louisa. Ce titre a littéralement déchaîné la foule et provoqué une indescriptible euphorie chez le public. Au terme de cette soirée, qualifiée de mémorable par bon nombre de spectateurs, on peut dire que le grand maître, légende vivante de la chanson kabyle, Lounis Aït Menguellet, a une fois de plus conquis son public. RAMDANE B.