Le nombre de victimes aurait été largement plus important n'était-ce l'intervention rapide des militaires du poste avancé sis à 800 m environ du lieu du drame. La région de Larbaâ a renoué, jeudi soir, avec l'horreur. Elle a été le théâtre d'un sanglant faux barrage dressé par un groupe terroriste sur la route nationale n°8, au lieu dit Oued Djemaâ à 7 km de Larbaâ (Blida). Treize personnes ont été assassinées et une autre — une vieille dame — blessée. Selon un gendarme rencontré, hier, sur les lieux du massacre, c'est aux environs de 19 heures que tout a commencé. Une quinzaine de minutes seulement a suffi aux hordes islamistes pour commettre leur forfait. Et comme pour porter l'horreur à son paroxysme, 11 des personnes assassinées ont été calcinées après que les terroristes eurent mis le feu à 5 véhicules (une Honda, une 505, une 504, un fourgon voyageur de marque Mercedes et une coque d'un semi-remorque). Parmi les victimes, une famille de Bouzaréah qui revenait d'une fête à Tablat, semble-t-il. Toutes les victimes ont été acheminées vers l'hôpital de Meftah. Le directeur nous a interdit l'accès arguant avoir reçu des instructions fermes de ne laisser aucun journaliste s'y introduire. En arrivant à Oued Djemaâ, hier, les traces du massacre sont toujours là. L'odeur du brûlé piquait les narines. Des détritus de pneus calcinés noircissent une partie de la chaussée. Des débris de verre sont éjectés çà et là. Les militaires et les éléments de la protection civile s'affairaient à emmener les carcasses des véhicules calcinés et à laver le tronçon de la route. Un tronçon très exigu et serpenté. Le choix porté sur lui pour y commettre l'acte renseigne sur l'intention macabre des terroristes de ne laisser aucune chance à leurs victimes de s'en sortir. Outre son exiguïté, il est surplombé par un escarpement impossible à escalader. Le contrebas est une falaise. Et si ce n'était l'intervention rapide des militaires du poste avancé lointain de 800 m environ du lieu du drame en allant vers Souhane, le nombre de victimes aurait été largement plus grand. C'est un des rescapés qui les a alertés. L'intervention des militaires les a poussés à battre en retraite. Apparemment aucun terroriste n'est blessé. “On ne sait vraiment pas par où ils ont pris la fuite. Certainement qu'ils sont descendus jusqu'à l'oued d'en bas pour regagner ensuite les collines fortement boisées”, témoigne un gendarme. “C'est ici qu'a été éliminé Bouyali. Les militaires ont pris l'habitude de tendre des embuscades dans cette région qui est un point de passage des terroristes. Jamais un faux barrage n'a été dressé sur cette route rouverte, il y a de cela 8 mois environ. Elle est empruntée 24h sur 24”, ajoute-t-il. “Le groupe terroriste est composé de 3 à 5 éléments. Tous des jeunes, âgés entre 22 et 25 ans. Ils étaient habillés de treillis militaire et chaussés de baskets. Deux faisaient le guet au loin et les 3 autres contrôlaient les voitures. Le rescapé qui a accouru vers notre brigade nous a indiqué qu'un des terroristes avait les mains qui tremblaient (une nouvelle recrue ?). à un certain moment, ils ont reçu un signal de leurs acolytes qui faisaient le guet. Mais avant de passer à l'acte, ils ont d'abord absorbé des psychotropes”, se confie-t-il. Selon toujours ce gendarme, ce seraient des éléments du GIA qui auraient commis le massacre : “Les terroristes ont pris le portable d'une de leur victime. Ils ont téléphoné à une connaissance de cette dernière pour lui apprendre que ce sont les éléments de Antar Zouabri qui sont derrière le carnage”. Des rumeurs font état d'enlèvement de 2 jeunes filles. Chose catégoriquement démentie par les gendarmes qui soutiennent, quant à eux, qu'elles ont été exécutées dans la Honda. Rumeur que le chauffeur du semi-remorque, pour sa part, accrédite : “Je les ai vus de mes propres yeux faire descendre d'une voiture les jeunes filles qui criaient : maman, maman ! J'étais devant la Honda. Je n'ai vu personne descendre. Maintenant si elles ont été assassinées dans une autre voiture, je ne saurais vous le dire !” “Je témoigne que sans l'intervention des militaires, on serait tous passé”, a-t-il ajouté. A. C.