Les syndicats autonomes ne veulent pas baisser les bras face aux entraves qu'ils subissent de la part du gouvernement dans l'exercice de leur liberté syndicale. Dans une conférence de presse animée hier par le Comité national des libertés syndicales (CNLS), au siège du Snommar à Alger, pour rendre public son premier rapport sur la situation des libertés syndicales en Algérie, les syndicats autonomes animateurs de ce comité s'en remettent au président de la République. “Quand le gouvernement viole les lois régissant l'exercice des libertés syndicales, le président de la République doit intervenir”, expliquera Me Ali Meziane, l'avocat-conseil des syndicats autonomes composant le CNLS (Snapap, Cla, Cnapest, Snommar, SNPSP, SNPSSP, Satef). En présence de représentants de ces derniers, Me Ali Meziane expliquera que “même s'il a choisi l'UGTA, le président de la République doit impérativement intervenir en sa qualité de garant de la Constitution”. C'est d'ailleurs la même explication avancée par Tahar Besbès, le président du CNLS, lors de sa lecture du rapport en question adressé au président de la République, au Chef du gouvernement et au ministre du Travail. Expliquant l'impératif d'apporter “un contre-discours à celui officiel et de faire toucher du doigt aux pouvoirs publics la réalité du terrain” à travers le premier rapport du CNLS, Tahar Besbès a énuméré en cinq points les atteintes aux libertés syndicales : atteinte au droit de constituer des syndicats, des fédérations et des confédérations ; atteinte au droit de choisir sa ligne syndicale ; atteinte au droit de participer aux négociations collectives ; atteinte à l'exercice du droit syndical et persécution des syndicalistes ; atteinte au droit de grève et le parti pris de l'administration dans les affaires internes des organisations syndicales. Se voulant précis, le président du CNLS donnera des exemples concrets d'atteintes aux libertés syndicales : “Le refus d'enregistrer le Syndicat national des travailleurs algériens (SNATA), la Confédération algérienne des syndicats autonomes (Casa), le Cla, le Cnapest.” S'agissant de l'ingérence dans les affaires internes des syndicats autonomes, le Dr Besbès citera le cas de la déstabilisation du Snapap. Rachid Malaoui, le secrétaire général du Snapap réélu à l'issue de son quatrième congrès tenu jeudi dernier à Aïn Bénian, présent à la conférence de presse a expliqué que la tentative de déstabilisation des syndicats autonomes est liée au projet de loi sur la Fonction publique. “Ils veulent nous fragiliser pour faire passer un statut de la Fonction publique sur mesure”, dira-t-il. Sur ce même registre, M. Malaoui révélera que lors de la dernière bipartite gouvernement-UGTA, il a été “ordonné aux procureurs d'aider les syndicalistes de l'UGTA au moment où les syndicalistes autonomes sont emprisonnés”. Dans le chapitre lié aux recommandations, le CNLS avance plusieurs propositions. Redouane Osmane, le SG du Cla, énumérera à ce sujet le respect du droit des travailleurs de constituer des organisations syndicales de leur choix, le respect du droit des travailleurs d'élaborer leurs statuts et règlements administratifs, d'élire librement leurs représentants et de choisir leur politique syndicale, le respect du droit des travailleurs à participer aux négociations collectives, le respect de l'immunité syndicale, le respect de la neutralité de l'administration et faire cesser toutes ses ingérences dans les syndicats, le respect du droit de grève, la ratification de la convention 135 de l'OIT et le respect des organisations de travailleurs de constituer des fédérations et des confédérations. Sur cette dernière question, Redouane Osmane appellera à aller vers une autre centrale syndicale avec “la levée de la verticalité des syndicats autonomes pour leur permettre de se constituer en fédération”. “Sidi-Saïd dira ce qu'il veut, mais il ne peut pas dire qu'il est le plus représentatif”, soulignera Osmane tout en précisant qu'il “faut un organisme indépendant pour dire qui est vraiment représentatif”. Etats généraux des syndicats autonomes le 1er mai prochain Le président du CNLS a annoncé les états généraux des syndicats autonomes pour le 1er mai prochain. “Nous allons soumettre un plan d'action aux syndicats autonomes”, a précisé M. Osmane. Une pétition nationale et internationale portant sur le respect des libertés syndicales sera rendue publique la semaine prochaine. Le SNPSP poursuit le gouvernement en justice Le SNPSP attaquera prochainement en justice le gouvernement. C'est ce qu'a annoncé Tahar Besbès qui ajoute que d'autres syndicats sont également en passe de le faire. N. M.