La problématique soulevée par la non-reconnaissance par le gouvernement d'un certain nombre de syndicats autonomes s'« internationalise ». Le Comité national des libertés syndicales (CNLS) a appelé, en effet, dans un communiqué rendu public hier, les participants aux assises internationales (93e Conférence internationale du travail - CIT, ndlr) à « rappeler » au gouvernement algérien l'impérieuse nécessité de cesser le harcèlement judiciaire contre les syndicalistes et de reconnaître les syndicats autonomes. Les membres du CNLS attendent également des délégués présents à ce rendez-vous qui s'est tenu à Genève qu'ils soient à leurs côtés « pour faire triompher le droit à la liberté syndicale en Algérie ». Les membres du CNLS expliquent que leur « appel à l'aide » se fonde sur une certitude : celle découlant de la conviction que l'hostilité manifestée à l'encontre des syndicats libres dissimule une volonté du gouvernement de « refuser toute autonomie aux syndicats et aux agents d'expression de la demande sociale pour s'assurer une paix sociale non négociée ». En guise d'arguments, les animateurs du CNLS attirent l'attention sur le fait que « les syndicats autonomes qui sont aujourd'hui au cœur de la contestation sociale sont attaqués, poursuivis en justice, réprimés et non reconnus en tant qu'interlocuteurs malgré leur représentativité sur le terrain ». « Ce qui est recherché par le gouvernement de notre pays est la remise en cause des libertés syndicales reconnues par notre Constitution. Cette reconnaissance formelle est conforme aux traités internationaux que l'Algérie a ratifiés, comme la convention n°98 de l'OIT faisant obligation du respect par les gouvernements de la liberté syndicale. Dans la réalité, le gouvernement refuse l'exercice du droit de grève en le déclarant illégal et en transformant une simple formalité d'enregistrement de constitution d'un syndicat en agrément. Le Cla et le Cnapest sont une illustration des entraves à la liberté syndicale », soulignent les membres du CNLS dans leur communiqué. Le syndicalisme autonome, rappelle le CNLS, mène depuis une décennie « une résistance permanente contre les effets d'une libéralisation sauvage qui a entraîné une insécurité sociale, la multiplication des emplois précaires qui masquent un chômage massif des jeunes, la baisse du pouvoir d'achat des salariés à cause des augmentations successives des prix de l'eau, du gaz et de l'électricité (...) ». Le CNLS, qui évoque, par ailleurs, une remise en cause progressive d'acquis sociaux dans la santé, l'éducation et les services publics, estime encore que « l'existence dans notre pays à la fois d'un pluralisme de façade et d'un syndicat appareil officiel, en étroite dépendance de l'Etat, crée une situation de fait de monopole syndical ». A rappeler que le gouvernement algérien était représenté aux travaux de la 93e CIT par le chef de l'Etat.