"Les quelques gouttes qui arrivent dans nos robinets ne suffisent même pas à remplir un bidon de cinq litres. Ce n'est pas normal", pestera l'un des manifestants. Les habitants de la cité Nacéria, sise en face du siège de la wilaya, ont mené, jeudi dernier, une action de rue en nocturne. Ils sont sans eau depuis un bon mois, nous a affirmé l'un des manifestants rencontrés lors du rassemblement. Exaspérés par cette situation, ils ont décidé de fermer la route principale, la rue de la Liberté en l'occurrence, juste après la rupture du jeûne. Ce qui n'a pas manqué, bien sûr, de susciter des désagréments aux automobilistes, plus nombreux que d'habitude. C'est la fin de la semaine, et beaucoup avaient décidé de sortir – comme tous les soirs pour certains - et profiter de la fraîcheur de la nuit, d'autant que la journée, les mouvements étaient réduits au maximum devant la canicule qui sévit ces quatre derniers jours. De plus, ces centaines de familles de la cité Naceria doivent rester sans eau et se préoccuper la journée durant à chercher ce précieux liquide. D'où le recours à la rue. Ce qui a surpris plus d'un. "Vous vous imaginez, on a vécu sans eau depuis un mois, c'est-à-dire avant le début du Ramadhan. Les quelques gouttes qui arrivent dans nos robinets ne suffisent même pas à remplir un bidon de cinq litres. Ce n'est pas normal", pestera l'un des manifestants. "Mettez-vous à la place des veuves. Elles ne vont tout de même pas courir les rues pour chercher à remplir un jerrican. Certains n'ont pas les moyens de s'approvisionner auprès des vendeurs d'eau dans des citernes", dira un autre père de famille. La police, présente en force lors du rassemblement, s'est occupée de réguler la circulation. Manifestement, on a pris acte des doléances des manifestants et des engagements ont été pris. Il faut rappeler que ce n'est pas le premier mouvement de rue organisé par ces habitants. Ils avaient en avril dernier manifesté leur colère devant la dégradation continuelle de leur cadre de vie. Les habitants du quartier Naceria avaient dénoncé, à travers leur action de protestation, "les fausses promesses et la fuite en avant de l'exécutif communal de Béjaïa" ; ils avaient saisi l'ancien wali, Ouled Salah Zitouni, auquel ils avaient remis tout un dossier contenant, outre leur plate-forme de revendications, des photos illustrant la situation peu enviable de leur quartier. "L'état lamentable du réseau d'assainissement, des trottoirs défoncés et d'autres non aménagés, manque d'éclairage public, retard dans le bitumage des ruelles de la cité, des poteaux électriques endommagés dont les fils jonchent le sol, insalubrité publique et manque d'hygiène, absence d'espace vert et de lieu de détente... On en a marre des promesses sans lendemain !" Moussa O.