La flexibilité du cours de change du dinar et les interventions de la Banque d'Algérie sur le marché interbancaire des changes ont permis au taux de change du dinar de jouer, dans une large mesure, son rôle d'amortisseur de chocs externes. Les réserves de change continuent de baisser. Elles ont chuté de près de 6 milliards de dollars depuis le début de l'année. Elles s'élèvent, "actuellement", à environ 108 milliards de dollars, a indiqué, jeudi, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal, en marge de l'African Meeting de la Société internationale d'économétrie, organisé à l'Ecole supérieure de banque à Bouzaréah (Alger). Depuis le début de l'effondrement des prix du pétrole, les réserves officielles de changes se sont fortement contractées, s'établissant à 114,14 milliards de dollars à fin décembre 2016, selon la Banque d'Algérie. Elles s'élevaient à 194,012 milliards de dollars à fin décembre 2013. En d'autres périodes, de 2014 à fin 2016, les réserves de change ont chuté de 80 milliards de dollars. C'est la preuve que le choc subi par l'économie algérienne, que les autorités ont mis beaucoup de temps à reconnaître, a été très violent. Face à la chute des recettes pétrolières, le recours à la flexibilité du taux de change a constitué la première ligne de défense. La flexibilité du cours de change du dinar et les interventions de la Banque d'Algérie sur le marché interbancaire des changes ont permis au taux de change du dinar de jouer, dans une large mesure, son rôle d'amortisseur de chocs externes. "Face à la détérioration des fondamentaux de l'économie nationale, la Banque d'Algérie a procédé à une dépréciation du taux de change du dinar vis-à-vis du dollar de près de 20%. Le taux de change a donc joué dans une large mesure son rôle d'amortisseur et de première ligne de défense", a révélé M. Loukal dans son allocation d'ouverture du Meeting africain de la Société internationale d'économétrie, devant l'ancien gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, très fortement critiqué à l'époque. Le FMI, dans son dernier rapport, relève que depuis le milieu de l'année 2014, le dinar s'est déprécié de 29% par rapport au dollar, contribuant ainsi à amortir les retombées de la baisse des cours du pétrole. Cette dépréciation est essentiellement survenue au cours du second semestre 2014 jusqu'à la fin de l'année 2015. Par rapport à l'euro, la dépréciation du dinar a été de 8%. Cependant pour le FMI, en termes de taux de change effectif réel (TCER), le dinar n'a pratiquement pas bougé depuis le choc des cours du pétrole, en raison d'une inflation intérieure relativement forte. Depuis ces derniers mois, le TCER suit une tendance à la hausse soutient le FMI. "À l'instar de la plupart des pays exportateurs des hydrocarbures, la forte chute des prix du brut, commencée à la mi-2014, avait eu un impact considérable sur les équilibres macroéconomiques de l'Algérie", a souligné le gouverneur de la Banque d'Algérie. Les déficits budgétaires ont atteint 15,3% du produit intérieur brut (PIB) en 2015 et 13,7% de PIB en 2016. Dans la sphère monétaire, les déficits de la balance des paiements se sont traduits par une contraction de la liquidité bancaire de près de 67% en 2 ans, ce qui a amené la Banque d'Algérie à réactiver les instruments classiques de refinancement. M. Loukal a rappelé trois mesures phares prise durant les années 2000 qui ont permis à l'Algérie de pouvoir développer une forte résilience aux chocs externes. Le gouverneur de la Banque d'Algérie cite, notamment, le remboursement par anticipation de la dette extérieure. Il a évoqué, également, la constitution par l'Etat d'une épargne financière logée dans le Fonds de régulation des recettes (FRR), et qui avait atteint l'équivalent de 70 milliards de dollars à fin 2014. Ce fonds a permis de financer la totalité des déficits de 2014 et de 2015 et partiellement celui de 2016, a indiqué M. Loukal. Enfin, le gouverneur de la Banque d'Algérie a fait référence à l'accumulation des réserves de change qui avaient atteint 194 milliards de dollars à fin 2013, correspondant à 35 mois d'importations. "C'est pourquoi l'économie algérienne a beaucoup mieux résisté à l'ampleur du choc externe par rapport à un grand nombre d'économies exportatrices de pétrole", a estimé M. Loukal, indiquant que l'économie algérienne fait face à un double défi. "Le premier est celui des ajustements pour rétablir les équilibres et la stabilité du cadre macroéconomique, alors que le second est celui de la diversification de l'économie", a-t-il précisé. Pour la Banque d'Algérie, le défi majeur est de mettre en œuvre une politique monétaire qui soutient la croissance, notamment de l'industrie hors hydrocarbures, des énergies et des services productifs marchands, en phase avec ses deux principales missions que sont celle de la stabilité des prix et celle des finances publiques. Dans un premier temps, et eu égard à la tendance baissière de la liquidité bancaire, la Banque d'Algérie a revu à la baisse les seuils, puis suspendu les opérations de ponction de la liquidité et le taux de réserves obligatoires. Parallèlement, elle s'est appliquée à réactiver les instruments classiques de refinancement que sont le réescompte et l'open market, tout en privilégiant ce dernier instrument de marché dans la perspective de conforter le taux d'intérêt. Meziane Rabhi