La situation délicate que traverse l'arbitrage algérien n'a pas laissé insensible un spécialiste en la matière. Il s'agit de l'ancien arbitre international Djamel Haïmoudi. Ce dernier estime, dans une déclaration à Liberté, que la conjoncture actuelle incite les responsables du football à se focaliser sur la formation au lieu de se soucier du volet désignation d'arbitrage. "Seule la désignation des arbitres les intéresse. C'est la raison pour laquelle l'arbitrage algérien a touché le fond particulièrement lors des deux dernières années. Rien n'a été entrepris pour le développement de l'arbitrage algérien. Les grands arbitres algériens qui ont fait les CAN et la Coupe du monde ne sont pas venus comme ça. C'est le fruit d'une longue stratégie de formation adoptée par ceux qui mettaient l'arbitrage au-dessus de tout. Malheureusement, ce n'est plus le cas de nos jours, la formation est devenue le dernier souci de ceux qui ont la charge de vulgariser et développer le football et l'arbitrage", a-t-il déclaré, et d'enchaîner : "Tout le monde sait que sans un bon arbitrage on n'aura pas un bon niveau de championnat. C'est ce qui explique d'ailleurs la débandade dans laquelle se trouve notre football." Le mondialiste qui avait dirigé 4 matchs lors du Mondial 2014 estime qu'"ils ont ramené des charlatans qui n'ont aucun vécu dans l'arbitrage pour former des bras cassés. Résultat des courses : des cascades d'erreurs d'appréciation et des fautes techniques ont été commises. C'est du jamais vu. Cela prouve que ce volet est le dernier souci des gestionnaires du football". Haïmoudi ne s'est pas empêché de parler des raisons qui font que le volet désignation est devenu le souci majeur des dirigeants du football. "Cela ne date pas d'aujourd'hui, la désignation a toujours été au cœur des compromis mais à un degré moindre. Mais depuis deux années, elle est devenue un business pour certains. Il y a trop d'intérêts personnels et politiques, c'est ce qui pousse les responsables de notre football à se focaliser sur la désignation. Je ne vous apprends rien, lorsqu'on forme de bons arbitres compétents qui ont un bon niveau et qui ont une base solide, la désignation vient d'elle-même. Il y a aussi des enjeux qui se cachent derrière la commission des désignations, qu'on le veuille ou pas. L'arbitrage est pris en otage, il faut le rendre à ses hommes. À ce rythme-là, on risque de fausser complètement le championnat national." "Koussa s'est trompé en se focalisant sur Bichari" À propos de la position adoptée par Messaoud Koussa, président de la nouvelle CFA, Haïmoudi évoque une précipitation dans ses positions. "Koussa n'aurait jamais dû se précipiter. J'aurais souhaité qu'il fasse preuve de retenue pour ne pas tomber dans le piège. Le fait de se focaliser sur Bichari est une erreur stratégique. Sans cet arbitre, Koussa pouvait travailler aisément. Ce n'est pas la fin du monde, il y a plusieurs anciens arbitres très compétents qui peuvent facilement travailler avec lui et entreprendre de profonds changements." Prié de nous expliquer la véritable raison de son absence au sein de la nouvelle équipe de la CFA, Haïmoudi est catégorique : "Posez la question à ceux qui ont la charge de gérer notre football." "Au moment où d'autres fédérations font appel à leurs compétences, le contraire se passe chez nous. On continue à exclure ceux qui ont hissé très haut les couleurs de l'Algérie, que cela soit au Mondial ou bien dans différentes compétitions internationales. Je ne tournerai jamais le dos à mon pays qui m'a permis d'atteindre le sommet mondial, je reste toujours à sa disposition s'il a besoin de moi", conclut celui qui a dirigé la petite finale Hollande-Brésil au Mondial 2014 et qui vit très mal son exclusion du circuit. RACHID ABBAD