La tutelle projette une extension du périmètre d'exploitation de l'Algérienne des eaux (ADE) qui prendra en charge à terme l'AEP de 567 nouvelles communes dans le but d'unifier la gestion des réseaux des 1 541 communes du pays. La crise financière qui secoue le pays a contraint le ministère des Ressources en eau (MRE) à procéder à une priorisation des projets d'investissement identifiés. Néanmoins, un important intérêt est accordé à l'alimentation en eau potable (AEP), considérée comme étant un service public garanti au profit des citoyens. Si en cette période de grandes chaleurs, la demande nationale en AEP est très forte, l'offre, en revanche, reste insuffisante. Le secteur enregistre, en effet, une baisse des ressources mobilisées engendrée par la faiblesse de la pluviométrie durant la saison hivernale passée. "L'évolution positive des différents indicateurs du service public est parfois atténuée par des perturbations dans la distribution", reconnaît Hocine Necib, ministre des Ressources en eau. Il parle de "points noirs" dans l'AEP, relevés dans les communes de plusieurs wilayas. Outre la faible pluviosité, M. Necib évoque d'autres causes, notamment les problèmes techniques, les pannes, des pompes défectueuses, des forages asséchés... Le ministre avoue que la "tendance à la raréfaction de l'eau et l'augmentation des besoins des populations risquent de provoquer des déséquilibres générant des perturbations dans l'AEP", explique M. Necib lors de son intervention à la réunion des cadres du secteur, tenue hier au siège du ministère. C'est dire le caractère sensible de la question de la dotation en eau potable. D'où l'importance, souligne-t-il, du rôle que doivent jouer les représentants des secteurs des ressources en eau au niveau local et de la mission de service public qui leur incombe en matière d'information et de gestion de proximité. Pour cela, la tutelle projette une extension du périmètre d'exploitation de l'Algérienne des eaux (ADE) qui prendra en charge à terme l'AEP de 567 nouvelles communes dans le but d'unifier la gestion des réseaux des 1 541 communes du pays. Le secteur doit fournir encore plus d'efforts afin d'achever les projets en cours de réalisation notamment les "grands transferts pour la prise en charge des villes et localités déficitaires et celles dont les ressources hydriques sont structurellement insuffisantes, à l'image de Bordj Bou-Arréridj, d'Oum El-Bouaghi, de Sétif, de Mascara...", indique M. Necib. La priorité est donnée aux zones rurales localisées dans les villages et douars, surtout celles qui souffrent d'un manque d'eau et d'une absence du service public. Outre l'inefficacité de la gestion, marquée par la non-prise en charge en son temps, des fuites sur réseaux, des retards dans la réparation des pannes sur équipements de production, le ministre déplore également les "actes d'incivisme et de vandalisme" accomplis par des citoyens inconscients sur installations hydrauliques. Le ministre affirme à ce propos que son département a détecté quelque 6 000 cas de branchements illicites dont 3 400 ont été éradiqués, alors que 2 600 autres ont été portés par devant les tribunaux. Il ajoute à cela l'élimination de près de 80 000 fuites recensées ce qui a conduit à la récupération d'un volume de près de 8 millions de mètres cubes d'eau redistribué au profit de la population. Abordant les statistiques du secteur, le ministre précise que les 75 barrages ont une capacité de mobilisation de plus de 8 millions de mètres cubes. À ceux-là seront additionnés 9 autres barrages qui augmenteront la capacité de mobilisation de 500 millions de mètres cubes, dès leur réception à fin 2018. M. Necib estime que le taux de raccordement des ménages aux réseaux d'AEP a atteint 98% contre 78% en 1999. La réhabilitation et l'extension des réseaux d'assainissement ont permis d'augmenter le taux de raccordement de 91% à 94%. La dotation moyenne en eau potable par jour et par habitant est passée de 123 litres en 1999 à 180 litres à Alger, ce taux est évalué à 302 l/j/hab, 191 l/j/hab à Oran, 326 l/j/hab à Tipasa. La distribution au quotidien est de l'ordre de 73% de la population dont 38% en H24. La distribution d'un jour sur deux et plus concerne 27% de la population. B. K.