Le ministre des Ressources en eau, Hocine Necib, n'a pas exclu une révision de la tarification de l'eau. Certes, cette révision n'est pas imminente mais, dit-il, «le gouvernement a affiché clairement sa démarche sur tous les produits subventionnés, entre autres l'eau qui est un produit concerné par les subventions de l'Etat». Il dira, lors d'une conférence de presse en marge d'une rencontre avec ses cadres, tenue hier au siège de son département, qu'un travail de concertation est déjà engagé, impliquant la société civile, les hommes politiques, l'administration et l'ensemble de ses démembrements et des experts pour arrêter une démarche concernant les produits subventionnés par l'Etat». Le ministre a signifié que son département ne va pas se singulariser en décidant une révision de la tarification de l'eau à part. Il précisera que «si la tarification de l'eau est appelée à être revue, elle ne peut pas se faire d'une façon séparée. Elle va se faire dans un cadre global». Plus précis, «une fois que cette démarche arrêtée, le secteur des Ressources en eau s'inscrira dans la démarche globale du gouvernement». Il insiste en soulignant qu'«on ne va pas se singulariser avec ce dossier de révision de la tarification» car, dit-il, la politique de révision des subventions des produits de première nécessité qui est en discussion au gouvernement suscite une méthodologie et un consensus national qui permettra d'aller vers la révision de la tarification de l'eau et d'autres produits. Il ferme la parenthèse en précisant que pour le moment «on est au point zéro». Faut-il rappeler que son prédécesseur, le ministre des Ressources en eau et de l'Environnement, Abdelkader Ouali, avait affirmé qu'une nouvelle tarification de l'eau était à l'étude afin de déterminer un barème tarifaire en fonction de la catégorie des utilisateurs (opérateurs économiques, ménages...) A titre indicatif, selon une contribution publiée dans la presse par le professeur Abderrahmane Mebtoul en 2016, le problème de la tarification de l'eau se pose à peu près dans les mêmes termes que pour les carburants. Il avait indiqué que son prix de cession demeure inchangé malgré des coûts croissants, problème aggravé par les déperditions dans le réseau de distribution (45 à 50% de pertes en moyenne nationale). Il avait précisé que le prix facturé aux consommateurs varie en fonction des volumes consommés entre 16,20 DA/m3 et 24,70 DA/m3 pour les usages industriels, et entre 3,60 DA/m3 et 24,70 DA/m3 pour les usages domestiques. «Le différentiel payé par l'Etat varie entre 34 et 53 DA environ par m3 consommé, l'investissement n'étant pas pris en compte dans les prix en vigueur du mètre cube d'eau potable». Par ailleurs, le ministre des Ressources en eau a reconnu que les ressources financières ont baissé mais, dit-il, cette baisse n'affectera pas les projets prioritaires du secteur, à savoir le parachèvement des projets en cours. Notamment, les grands transferts pour la prise en charge des villes et localités déficitaires. Il cite entre autres, Bordj Bou-Arréridj, Oum El Bouaghi, Sétif, Tébessa, Mascara etc. Il résume en affirmant que tous les projets relatifs à l'alimentation en eau potable et assainissement des eaux usées inscrits dans le programme seront maintenus et que les efforts seront dirigés vers les zones rurales localisées à travers les villages et douars. Notamment ceux qui connaissent une situation de manque d'eau et une absence de service public. Le ministre a également annoncé l'extension prochaine du périmètre d'exploitation de l'ADE qui est appelée à prendre en charge -à terme- l'AEP de 567 nouvelles communes en vue d'unifier la gestion des réseaux d'AEP des 1541 communes du pays. Cette opération sera conduite de concert avec le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Les créances de L'ADE s'élèvent à 14 milliards de dinars Les créances de l'Algérienne des Eaux auprès de ses abonnés qu'ils soient des particuliers ou des organismes publics sont estimées à 14 milliards de DA. Hocine Necib a abordé ce problème dans le détail en affirmant que dans le programme d'investissement de l'Etat, le ministère des Ressources en eau a enregistré un volume de créances de plus de 40 milliards de DA. Il affirme que son secteur va régler ce problème avec la contribution du ministère des Finances. «Nous sommes en train de recevoir des rattachements et de régler les créances». «On va pourvoir le régler dans les meilleurs délais». Pour ce qui est des créances propres à l'ADE, le ministre a affirmé que l'agence a en réalité une créance de 40 milliards de DA, mais il y a des créances que l'ADE a héritées lors de sa création en 2001 qui sont «irrécouvrables». L'ADE a aujourd'hui ce qu'on appelle des «créances vivantes» de l'ordre de 14 milliards de DA, précise le ministre. Des créances auprès des particuliers et auprès des organismes publics tels que les administration et les hôpitaux, les universités et autres. Il dira qu'une commission mixte entre le ministère de Ressources en eaux et celui des Finances a été installée justement pour aider l'ADE à recouvrer ses créances notamment auprès de l'administration des collectivités locales (des communes) et auprès des organismes de l'Etat. Il a affirmé qu'aujourd'hui, l'ADE œuvre efficacement à recouvrer ces créances et que le taux de recouvrement est en augmentation exponentielle «on a des wilayas où le recouvrement atteint les 100%». 6.000 branchements illicites détectés en 2017 Le ministre a affirmé que pas moins de 6.000 cas de branchements illicites qualifiés par le ministre de «vol d'eau» ont été détectés après les actions menées par les services de l'ADE durant le premier semestre 2017. Le ministre affirme que 3.400 de ces branchements ont été éradiqués tandis que 2.600 ont été portés par devant les tribunaux. Le comble est de savoir que des unités de production de différentes tailles (petite, moyenne et grande entreprise de production) pompent l'eau illicitement. Le ministre a indiqué que ses services avaient recensés ces cas en essayant de régler ce problème car, dit-il, «l'eau est une propriété publique qu'il faut protéger pour la distribuer équitablement entre les citoyens algériens». Il dira en outre que son département est en train de réorganiser certaines unités pour soutenir la création de la police des eaux. «Nous avons déjà ouvert un atelier de réflexion pour renforcer ce corps (police des eaux) afin de lutter contre ce genre de dépassements», souligne-t-il. 80.000 cas de fuite d'eau au 1er semestre 2017 Le problème des fuites d'eau reste tout de même important sur nos réseaux de distribution. L'Algérienne des Eaux a ainsi éliminé près de 80.000 cas de fuites d'eau recensées durant le premier semestre 2017. Le ministre a reconnu que ce taux est très élevé comparativement à la norme requise au niveau international, «une tolérance qui ne doit pas dépasser les 15 à 20%. Le ministre a justifié ces fuites par la vétusté des réseaux de distribution dont certains connaissent une mise à niveau, notamment dans les grandes villes.