S'accrochant à l'option du "tout-sécuritaire", les autorités marocaines ont annoncé l'interdiction de la marche prévue demain à Al Hoceïma pour demander la "libération" des détenus du Hirak, protester "contre la répression" et "maintenir le combat populaire contre le makhzen". Alors que la mobilisation se poursuit au Maroc et à l'étranger pour la marche du 20 juillet (demain) à Al Hoceïma, un communiqué de la préfecture locale a annoncé son interdiction. "Il a été décidé de ne pas autoriser la tenue de cette marche", a rapporté l'agence de presse officielle marocaine MAP, citant cette source. "Les autorités locales n'ont reçu aucune déclaration de manifestation", a justifié la préfecture d'Al Hoceïma, car estimant que la marche "est de nature à porter atteinte au droit de la population à un climat sécuritaire sain". Elle a appelé "les organisateurs potentiels à se conformer à cette décision" et prévenu que "toutes les mesures nécessaires" avaient été prises pour son application. Pour rappel, cet appel à manifester avait été lancé par Nasser Zefzafi, le leader du Hirak, avant même son arrestation à la fin du mois de mai par la police. En dépit de l'incarcération de la quasi-totalité des figures de la protestation, l'appel à manifester a cependant continué à être relayé par les réseaux sociaux. Ceci étant, les organisateurs n'ont pas renoncé à cette "marche pacifique" dont le but est d'exiger la "libération" des prisonniers du Hirak, protester "contre la répression" et "maintenir le combat populaire contre le makhzen". Cette marche coïncide avec le retour pour les vacances de nombreux Rifains résidant en Europe, qui affichent un fort soutien au Hirak. Une chose est sûre, plusieurs partis politiques et associations ont appelé leurs militants et sympathisants à manifester pour appeler à la libération des détenus des événements d'Al Hoceïma. Les médias marocains citent la Fédération de la gauche démocratique (FGD) qui regroupe trois formations politiques : le Conseil national Ittihadi (CNI), le Parti socialiste unifié (PSU) et le Parti de l'avant-garde démocratique et socialiste (PADS). Elle a appelé, dans un communiqué cité par le journal Alaoual, l'ensemble des Marocains "à participer massivement à la marche en solidarité avec le Hirak du Rif et pour la libération de tous les détenus". Le parti Annahj Addimocrati a lui aussi annoncé son soutien à la marche du 20 juillet à Al Hoceïma, appelant ses sympathisants à se mobiliser pour la réussite de ce rendez-vous. Par ailleurs, Yabiladi indique que la Commission nationale de soutien au Hirak du Rif et ses revendications légitimes a annoncé qu'"en réponse à l'appel de la direction du mouvement populaire et pour la libération des prisonniers (...) un convoi sera lancé à partir de toutes les villes marocaines". Les lieux et l'heure seront ultérieurement précisés par les comités locaux. La commission a aussi suggéré que l'arrivée du convoi soit fixée aux portes d'Imzouren, jeudi à midi, et que le départ d'Imzouren en direction d'Al Hoceïma se fera vers 14h30. Selon le communiqué d'Annahj Addimocrati, "la Coordination européenne de soutien au Hirak populaire du Rif a ratifié un ensemble de programmes, dont le plus important est l'organisation de convois vers le Rif les 15, 16, 17 et 18 juillet et la participation effective à la marche prévue le 20 juillet". Selon un dernier bilan officiel, 176 personnes ont été placées en détention préventive, 120 sont actuellement jugées, dont certaines en liberté provisoire. Des peines allant jusqu'à 20 mois de prison ont été déjà prononcées en première instance. Report du procès du journaliste en grève de la faim Le juge d'instruction, relevant du tribunal de Casablanca, a dû suspendre le procès du reporter de presse Rabiâ Alablaq, pour cause de son état de santé, a rapporté le journal Alaoual. Il convient de rappeler que Abdellatif Alablaq, le frère de Rabiâ, avait déclaré à la rédaction de Rifonline.net que ce dernier était entré dans son 20e jour de grève de la faim, lundi 17 juillet.