L'Algérie importe annuellement pour 2 milliards de dollars d'essences. La consommation nationale en carburants (15 millions de tonnes par an) a augmenté de 7% sur les dix dernières années. Elle dépasse ainsi les capacités de raffinage installées dans le pays. Celles-ci se situent autour de 11,5 millions de tonnes (Mt) par an de carburants. En résulte un déficit de 3,5 Mt par an qu'il faut combler par des importations (2 milliards de dollars par an). En vue de répondre à cet accroissement de la consommation, le pays a décidé, selon Mustapha Guitouni, de mettre en chantier deux nouvelles raffineries : l'une à Hassi-Messaoud (5 Mt/an) et l'autre à Tiaret (5 Mt/an) dont la réception est prévue pour 2020, un programme beaucoup moins ambitieux que celui élaboré il y a cinq à six ans, qui, on s'en souvient, prévoyait cinq grands sites de raffinage répartis sur tout le territoire national come suit : trois raffineries sur les Hauts-Plateaux, une au sud du pays et une autre au nord, sur la bande côtière. Cela allait coûter la bagatelle de dix milliards de dollars. Mettre dix milliards de dollars dans le raffinage, est-ce un choix judicieux ? C'est une mauvaise idée, estiment des experts. Du fait de la crise internationale, le secteur du raffinage à l'échelle internationale, connaît une mauvaise passe, beaucoup de raffineries sont en surcapacité, d'autres à l'arrêt, aujourd'hui. Dans pareille conjoncture, Sonatrach devrait plutôt s'intéresser à des prises de participations dans des raffineries en difficulté, dans des pays affectés par la crise. De plus, l'économie que devrait générer la distribution de proximité des produits raffinés ne pourrait pas compenser les coûts de mise à disposition de bruts lourds importés, indispensables à la production des fractions lourdes demandées par le marché (gasoil notamment). Dans son plan d'investissement, Sonatrach avait prévu également 4,2 milliards de dollars pour réhabiliter les raffineries d'Arzew, de Skikda et d'Alger et les moderniser, une opération qui avait été mise en route, elle devait faire passer les capacités de raffinage de vingt-sept millions de tonnes par an actuellement à trente-trois millions de tonnes. Les capacités globales de raffinage de l'Algérie devront être portées à 40 Mt/an à l'horizon 2021 à la faveur de la réalisation de nouvelles raffineries et de la réhabilitation de celle d'Alger. Est-ce pour autant que le pays va arrêter l'importation de carburants ? Aujourd'hui, le pays en importe pour deux milliards de dollars. Pour le nouveau ministre de l'Energie, le pays serait autosuffisant en carburants et pourrait même en exporter à partir de 2020, c'est-à-dire après l'entrée en service des nouvelles raffineries. Le ministre a également évoqué un ambitieux programme d'augmentation des capacités de stockage de carburants, permettant de passer d'environ 7 000 m3/an stockés annuellement à environ 2 millions de m3/an en 2020, soit une période d'autosuffisance de 30 jours au lieu de 12 jours actuellement. Y. S.