Ces opérateurs soulignent que la note de l'Abef n'est pas claire et que l'interdiction risque de pénaliser l'industrie pharmaceutique. La note envoyée par l'Abef aux banques ayant pour objet la suspension des domiciliations bancaires des importations de produits alimentaires et industriels sème le flou et laisse le champ libre à toutes les interprétations sur la scène économique du pays. Les opérateurs activant dans divers secteurs dénoncent cette mesure prise, selon eux, de manière hâtive et irréfléchie et qui soulève diverses ambiguïtés. Cette instruction souffre d'un "manque de clarté et de précision", commentent des observateurs. Sur la liste des 24 produits concernés, figurent les produits finis en plastique (articles de plastique). Ceux-là, sont interdits à l'importation s'ils sont destinés à la revente en l'état. Or, il se trouve que des industriels utilisent ces produits comme contenant à leurs produits finis. C'est le cas des fabricants de médicaments qui ont pour habitude d'utiliser les flacons et autres contenants en plastique pour l'emballage et la mise sur le marché de leurs produits pharmaceutiques. Ces produits peuvent être considérés comme des intrants entrant dans le processus de fabrication de médicaments. Et par conséquent, ils ne peuvent être classés parmi les produits finis s'ils ne sont pas destinés à la revente en l'état. Cette définition s'applique à juste titre, aux fabricants de médicaments. Ceux-ci, sont confrontés à un refus catégorique de domiciliation bancaire du flacon en plastique destiné à la fabrication pharmaceutique, de la part de la banque qui le classe parmi les 24 produits. "Nous considérons ce refus comme étant une interprétation erronée de ladite note du fait que le tableau n°2 s'adresse à 8 articles industriels relevant du secteur de l'habitat", expliquent ces industriels. Le produit fini en plastique, précisent-ils encore, est exploité dans tous les domaines notamment, en médecine (orthopédie, chirurgie), dans les secteurs de la défense, de l'aviation... "Il n'est pas déterminé par un tarif douanier", soulignent-ils. Les laboratoires vivent mal cette décision qui risque d'engendrer de lourdes conséquences sur leur activité. Au moment où les hautes autorités du pays affichent une bonne volonté pour encourager l'industrie pharmaceutique nationale, des responsables au sein des différents départements ministériels bloquent les fabricants et sèment sur leur chemin des "embûches" bureaucratiques. Pourtant, le gouvernement fonde beaucoup d'espoir et semble avoir la confiance totale en les producteurs locaux auxquels il a fixé l'objectif d'assurer la couverture de 75% des besoins nationaux d'ici à deux ans. Les fabricants, pour leur part, ont prouvé à maintes reprises qu'ils peuvent relever ce défi et satisfaire la demande nationale au taux arrêté par l'Exécutif. Cela étant, les producteurs affirment que cette imprécision donne l'opportunité aux agents bancaires d'interpréter à leur manière la mesure, dans le but exclusif de se protéger. "Est-il concevable de trouver le produit d'emballage pharmaceutique parmi les produits rouges (briques, tuiles), ceux de la plomberie, tels que la robinetterie, les transformateurs électriques, les meubles, les lustres...?' s'interroge un des responsables d'un laboratoire pharmaceutique qui a pignon sur rue. Pour lui, cette ambivalence doit être levée dans les plus brefs délais par les rédacteurs de la note. Car, son maintien tel que pratiqué actuellement, mettrait en difficulté les laboratoires pharmaceutiques qui continuent d'investir des milliards pour se maintenir sur le marché face aux concurrents étrangers. "C'est l'industrie pharmaceutique nationale naissante qui recevra un sale coup", remarque notre source. Les stocks en produits pharmaceutiques risquent de connaître une inexorable réduction. La rupture des médicaments touchera également de plein fouet les malades. Et l'arrêt des chaînes de production sera, par voie de conséquence, inévitable. L'approvisionnement de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) avec laquelle les fabricants locaux se sont engagés suite à l'appel d'offres, va enregistrer en outre de sérieuses perturbations. Pis, l'objectif de couverture des besoins nationaux de 75% par les producteurs locaux sera indubitablement abandonné... "Nous ne sommes pas des producteurs de boissons gazeuses ou autres, nous sommes des laboratoires pharmaceutiques, fabricants de médicaments. Nous détenons les programmes d'importation signés par le ministère de la Santé. Et les contrats avec nos fournisseurs ont été d'ores et déjà paraphés", avoue encore cet industriel. L'autre argument avancé par notre interlocuteur, est que "ce produit en plastique qui est un contenant vide dédié pour nos médicaments, ne concurrence aucunement celui fabriqué localement". Une chose est certaine, conclut-il, ce contenant en plastique est utilisé pour la fabrication de médicaments en Algérie dans le but de réduire davantage la facture des importations... B. K.