La production locale de médicaments risque de connaître une crise sans précédent. L'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop) a lancé jeudi un appel urgent aux autorités du ministère de la Santé pour intervenir. En effet, dans un communiqué diffusé dans la presse nationale, les membres de l'Unop, réunis en assemblée générale extraordinaire le 28 janvier , ont alerté les pouvoirs publics sur les blocages actuels de l'activité pharmaceutique de conditionnement. Ce qui a exacerbé l'inquiétude des adhérents à l'union est le fait que les autorisations d'importation des produits finis destinés à la revente en l'état ont été délivrées «précocement et sans aucune contrainte». Une décision qui va à l'encontre de la politique de l'Etat affichée en matière de relance et de développement de la production nationale du médicament. Dans son document, l'Unop a tenu à expliquer que les délais fixés par l'Etat en matière de délais d'une année pour la fabrication de médicaments sont irréalisables dans le respect des bonnes pratiques de fabrication. Dans ce contexte, les membres de l'union souhaitent bénéficier d'une libéralisation de l'activité pharmaceutique de conditionnement. Les raisons quant à cette demande sont citées dans le communiqué en question. Il s'agit de délais de réception, installation, validation et qualification des équipements de production de 18 mois au minimum à compter de l'ouverture de la lettre de crédit, sans prendre en compte les délais des études et de prospection qui peuvent nécessiter 6 mois, selon l'Unop. Selon l'association des opérateurs de la pharmacie, plus de 75% des produits interdits à l'importation l'ont été grâce à l'existence d'au moins un générique conditionné localement. Une interdiction du conditionnement primaire remettrait, selon la même source, en cause l'existence même de cette liste. De même, une grande majorité des produits conditionnés localement sont des génériques qui ont servi de base pour la fixation du tarif de référence. Pour l'Unop, le blocage de l'importation de l'emballage primaire mettra en péril la politique du ministère du Travail sur les remboursements de médicaments. Médicaments importés plus chers L'association des opérateurs de la pharmacie a ajouté que de nombreux adhérents sont en cours d'investissement pour le passage à la fabrication et que cette interdiction d'importer les produits de conditionnement vient étouffer leur trésorerie et remettre en cause la concrétisation de ces projets. «Des produits conditionnés localement sont actuellement bloqués tandis que leurs similaires ou équivalents importés en produits finis, et le plus souvent plus coûteux de 40 à 100%, ont obtenu leurs programmes d'importation et verront leur consommation croître de façon significative grâce au report de prescription et de consommation. La plupart des entreprises qui sont dans l'activité de conditionnement ont été contraintes de mettre au chômage technique leur personnel affecté à cette tâche», lit-on dans ce communiqué. La non-délivrance des programmes de conditionnement grèvera lourdement la facture d'importation et perturbera, selon l'Unop, la disponibilité des produits pharmaceutiques sur le marché dans les prochaines semaines. Selon le ministère de la Santé, il existe plus de 4800 médicaments enregistrés au niveau de la direction pharmaceutique, dont 1400 sont produits localement par 57 entreprises. Le gouvernement avait pris des dispositions s'agissant de l'importation ainsi que la fabrication des médicaments. La facture des importations de médicaments est très lourde, se chiffrant en 2009 à 1,74 milliard de dollars, tandis qu'en 2008, elle était de 1,86 milliard de dollars.