La marche nationale à laquelle avait appelé pour ce jeudi, à Béjaïa, le Syndicat national autonome des travailleurs de l'électricité et du gaz (Snategs) a été empêchée par les services de sécurité. Ces derniers ont pris les devants avant l'entame du rassemblement des manifestants venus de plusieurs wilayas du pays. En effet, la sûreté de la wilaya a déployé en grand nombre ses éléments, en civil, sur l'esplanade de la maison de la culture Taous-Amrouche, point de départ de la manifestation, et sa périphérie. Les policiers ont procédé à la vérification des pièces d'identité de toutes les personnes soupçonnées de vouloir prendre part à la marche et de les embarquer dans des fourgons anti-émeute vers le siège du commissariat central. À noter que trois parlementaires de Béjaïa, Mme Ouali Nora (RCD), Khaled Tazaghart (Front de l'avenir) et Rachid Chabati (FFS) sont venus soutenir la marche du Snategs. Les services de sécurité ont, selon l'adjoint-chef de sûreté de wilaya, Tahar Benaazzoug, arrêté quelque soixante-dix manifestants "à titre préventif" avant d'être tous relâchés après "examen de leur situation". "Nous avons agi avant qu'ils ne se rassemblent à titre préventif pour parer à tout dépassement et leur éviter des poursuites judiciaires", nous a déclaré en substance l'adjoint chef de sûreté de wilaya. Pour ce dernier, la marche à caractère national dudit syndicat, ici à Béjaïa, n'a pas sa raison d'être du fait que les six syndicalistes du Snategs de Béjaïa licenciés ont été tous réintégrés après l'intervention du wali de Béjaïa auprès de qui de droit lors de la dernière marche de ce syndicat à Béjaïa. Une information confirmée par l'un des syndicalistes suspendus à Béjaïa, Hamaïdi Chaâbane, qui a rejoint son travail après des mois de licenciement, et qui déclare : "Nous sommes tous réintégrés, mais rétrogradés de deux catégories et mutés en interne vers d'autres agences de Sonelgaz de la wilaya de Béjaïa en guise de sanction." Par l'intermédiaire des deux députés, Mme Ouali Nora du RCD et Khaled Tazaghart du Front de l'Avenir, et l'adjoint chef de sûreté de wilaya, Tahar Benaazzoug, le chef de cabinet du wali, Smaïl Amalou, a accepté de recevoir uniquement ces deux parlementaires pour lui transmettre "les revendications du Snategs". "Nous avons été reçus par le chef de cabinet du wali. Ce dernier a catégoriquement refusé la présence ne serait-ce que d'un syndicaliste du Snategs à cette entrevue, au motif qu'à Béjaïa, les six syndicalistes licenciés ont tous été réintégrés", apprend-on auprès de la députée Mme Ouali Nora du RCD, après cette rencontre des deux parlementaires avec le chef de cabinet du wali. Et d'ajouter : "Néanmoins, on lui a fait savoir que ces six syndicalistes réintégrés ont été sévèrement sanctionnés par leur employeur en les rétrogradant de deux catégories, et de surcroît mutés vers d'autres agences plus loin du lieu de leur résidence. On lui a demandé la levée des sanctions et de transmettre les revendications du Snategs à qui de droit." Selon un syndicaliste du Snategs de Béjaïa, pas moins de 92 syndicalistes ont été licenciés et des centaines de travailleurs sont poursuivis en justice au niveau national par le groupe Sonelgaz. L. OUBIRA