Le nouveau ministre du Tourisme annonce un réexamen de tous les projets déjà lancés et promet d'étudier, "au cas par cas", la situation de l'ensemble des zones d'expansion touristiques. Après que le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, eut exigé une évaluation complète de la gestion du foncier industriel caractérisée par certains dépassements et après que Tayeb Louh, ministre de la Justice, garde des Sceaux, eut appelé, lui, les tribunaux à "s'autosaisir" devant les cas d'atteinte aux terres agricoles, c'est au tour du nouveau ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Hacène Mermouri, de dénoncer la "transgression de la part des citoyens, des hommes d'affaires et parfois de certains organismes" des zones d'expansion touristique (ZET), des aires censées être protégées par l'Etat. "Il existe près de 225 zones d'expansion touristiques en Algérie. Certaines de ces zones ont bénéficié du plan d'aménagement. D'autres zones, de l'ordre de 24, sont déjà entrées en exploitation. Mais ce qu'il faut dire, c'est que ces zones d'expansion subissent des transgressions", a-t-il regretté dans un entretien accordé, hier, à une chaîne de télévision privée. Le ministre, qui a annoncé, à l'occasion, le gel des attributions de parcelles de terrains situées à l'intérieur des zones d'expansion touristiques, par mesure de sauvegarde, s'est également engagé à réexaminer tous les projets déjà lancés. Justifiant sa décision par la volonté de mettre le holà à ces transgressions et rappelant l'intérêt et l'importance qu'accorde l'Etat au développement et à la promotion du tourisme, en tant que vecteur du développement économique, Mermouri promet d'étudier "au cas par cas" les situations de l'ensemble des ZET. Le ministre entend veiller, ainsi, à la préservation de la vocation touristique de ces zones qui, souvent, regorgent de grandes potentialités et qui restent, néanmoins, menacées, notamment par la spéculation foncière et immobilière. Ainsi, après un long sommeil, les autorités veulent désormais sévir en procédant à des audits fonciers. Sur ce registre, l'intention du nouveau ministre gagnerait assurément en crédibilité en s'intéressant notamment aux conditions de cession ou de concession de ces terrains relevant du domaine privé de l'Etat et destinés à l'implantation exclusive de projets d'investissement touristiques. De toute évidence, le ministre, qui a tiré ainsi la sonnette d'alarme, n'a pas tout révélé sur le détournement du foncier touristique de sa vocation initiale. Assez évasif sur sa détermination à assainir le secteur, le ministre n'a pas jugé utile d'illustrer son propos par des cas précis. Quoi qu'il en soit, il est de notoriété publique que certaines zones ont été, en effet, squattées par des particuliers, des promoteurs immobiliers et même des industriels qui auraient tant aimé installer leurs usines dans ces sites. Par ailleurs, certains "promoteurs", qui, sous le règne du prédécesseur de Tebboune, ont bénéficié de ces assiettes de terrains, entretenaient avec les tenants du pouvoir des relations étroites. Cette sortie du ministre du Tourisme intervient dans un contexte marqué par l'engagement, maintes fois réitéré, du nouveau Premier ministre à assainir la sphère économique des prédateurs et, partant, à couper court aux ambitions politiques que semblent se donner "les tenants de l'argent sale". Une démarche qui semble bel et bien connaître un début de mise en œuvre avec la position tranchée et ouvertement assumée par Abdelmadjid Tebboune envers Ali Haddad, patron du FCE et P-DG du groupe ETRHB, et d'autres entrepreneurs privés qui, comme lui, ont longtemps profité de leur proximité avec certains décideurs. Mohamed-Chérif Lachichi