Le nouveau ministre du Tourisme Hassan Mermouri a fait un constat alarmant sur le fonctionnement de son secteur et en particulier les faibles capacités d'accueil des infrastructures hôtelières du pays. A un moment où on veut accélérer la substitution aux exportations de pétrole. Il a décrit une situation anarchique, hier dimanche sur Ennahar TV, prévalant dans le fonctionnement des zones d'extension touristique (ZET). Un constat au cours duquel il a non seulement accusé indirectement les autorités locales de négligence dans la gestion de ces espaces, mais également d'avoir fermé les yeux sur les nombreux cas de dépassements, d'ailleurs constatés par l'ex-responsable du secteur Abdelouahab Nouri. Le nouveau ministre du Tourisme a ainsi rappelé que sur les 225 ZET prévues, 24 seulement sont entrées en exploitation, alors que les autres sont toujours à l'état de projet. En outre, il a déploré que des ZET aient été «squattées ou détournées par des citoyens, des hommes d'affaires et parfois par des institutions, sans qu'elles ne soient exploitées». Il a dès lors annoncé «la reprise et la restitution de ces terres qui ont été spoliées ou détournées de leur objectif dans le cadre de ces ZET, après l'étude des projets à l'arrêt et qui n'ont pas été exploités». Deux wilayas se sont illustrées dans ce cas précis, celle de Jijel où l'ancien ministre a fait un constat alarmant sur la situation des ZET sur la côte du «saphir» et la wilaya de Chlef où des projets de ZET dans la région de Ténès sont toujours au stade de projet depuis plusieurs années. Le fonctionnement des ZET a été défini par la loi 03-03 du 17 février 2003, qui a notamment pour objet de «définir les principes et règles de protection, d'aménagement, de promotion et de gestion des zones d'expansion et sites touristiques». Les objectifs de cette loi sont en particulier «l'utilisation rationnelle et harmonieuse des espaces et ressources touristiques en vue d'assurer le développement durable du tourisme, la protection des bases naturelles du tourisme» ou «la création d'un bâti harmonieusement aménagé et adapté au développement des activités touristiques et la sauvegarde de sa spécificité». Mais, dans la pratique, au jour le jour, le fonctionnement des ZET reste à revoir, a constaté M. Mermouri. Les zones d'expansion touristique ont été classées en 1998, 2009 puis 2010. Et, sur les 205 ZET existantes au niveau national, 78% sont concentrés sur le littoral. Sur la rénovation et la modernisation des complexes touristiques et hôteliers, M. Mermouri a expliqué que 17 complexes et un hôtel ont bénéficié d'une telle opération, alors que «les travaux de rénovation de 9 autres complexes touristiques n'ont pas été lancés depuis 2011''. «Des interrogations se posent sur les raisons et les causes réelles de ce retard», a-t-il souligné, relevant notamment «l'inexistence d'entreprises spécialisées dans la rénovation des hôtels, sans que cela n'explique un tel retard», selon le ministre. M. Mermouri, qui a rappelé que «l'Algérie possède le potentiel touristique et que l'Etat a déployé de grands efforts dans l'investissement hôtelier et touristique», a estimé que «le problème fondamental (du secteur) réside dans l'attraction des touristes, car les capacités d'accueil en Algérie sont très faibles par rapport aux pays voisins». Pour lui, le problème majeur du secteur en Algérie réside dans les faibles capacités hôtelières. «Si les 5 millions d'Algériens qui ont décidé de passer leurs vacances à l'étranger décident de les passer dans le pays, ou est-ce qu'on va les mettre avec une capacité d'accueil de 100.000 lits ?», s'est-il interrogé. «Actuellement, nous avons 1800 projets dont 500 ont été lancés et 80 autres entreront en exploitation cette année. L'objectif est d'atteindre 200.000 lits durant les deux à cinq prochaines années», souligne M. Mermouri. Quant au tourisme local, il a relevé que le «contexte international complique la donne, ainsi que les difficultés d'obtention du visa», comme étant une des raisons explicatives de la faiblesse du flux de touristes étrangers en l'Algérie. Plus explicatif, il a indiqué que l'accueil de touristes étrangers par des agences de voyages les obligeait à faire un dossier de demande d'accueil auprès de la direction de la culture de wilaya, puis l'obtention de l'avis de la commission de sécurité au niveau de la wilaya, puis successivement celui des ministères du Tourisme et des Affaires étrangères. «Puis, il attend le visa, qui demande un temps très, très long.» Pour autant, les choses semblent avoir évolué positivement aujourd'hui, selon le ministre, car «elles se sont simplifiées avec la création d'une commission spécialisée dans l'étude des dossiers au niveau du ministère des Affaires étrangères, qui n'excède pas un délai de plus de 48 heures», a-t-il ajouté.