L'ex-porte-parole des négociations des Accords d'Evian sera inhumé, aujourd'hui, après la prière du dohr, au carré des Martyrs du cimetière d'El-Alia (Alger), ont affirmé ses proches. L'ancien chef de gouvernement, Rédha Malek, a tiré, hier matin, sa révérence suite à une longue maladie, à l'âge de 86 ans. Né le 21 décembre 1931 à Batna, Rédha Malek, titulaire d'une licence en lettres et philosophie à l'Université d'Alger, a ensuite poursuivi des études à Paris. Motivé par le combat anticolonialiste, il a rejoint un groupe d'étudiants pour fonder, en 1955, l'Union générale des étudiants musulmans d'Algérie (Ugema), et ce, avant d'occuper, de 1957 à 1962, le poste de directeur du journal clandestin du FLN, El Moudjahid. Membre de la délégation FLN pendant les Accords d'Evian de 1961 à 1962, Rédha Malek a toujours brillé par sa clairvoyance et sa sagesse. Après l'indépendance de l'Algérie, il occupera plusieurs postes de responsabilité tant au gouvernement que dans le corps diplomatique. En effet, le défunt a été ministre de l'Information et de la Culture de 1977 à 1979 puis des Affaires étrangères de février 1993 à août 1993 avant d'être nommé de 1993 à 1994 au poste de chef du gouvernement. Rédha Malek a également assuré la présidence du Conseil consultatif national en avril 1992 avant d'être nommé en juillet 1992 membre du Haut Comité d'Etat (HCE), soit quelques mois plus tard après l'assassinat de Mohamed Boudiaf. Rédha Malek a toujours été considéré comme l'un des principaux acteurs de l'arrêt du processus électoral de 1991 après la victoire du Front islamique du salut (FIS dissous). Sollicité par le gouvernement pour des missions diplomatiques, Rédha Malek a occupé à cinq reprises le poste d'ambassadeur : à Belgrade (1962-1964), à Paris (1965-1970), à Moscou (1970-1977), à Washington (1979-1982) et à Londres (1982-1984). Sa connaissance des dossiers sensibles et des conflits régionaux et internationaux a fait de lui l'un des principaux négociateurs qui ont obtenu la libération des 52 otages de l'ambassade américaine à Téhéran (Iran) en 1981. En 1995, Rédha Malek a été élu président du parti Alliance nationale républicaine (ANR). En janvier 2009, après un long combat démocratique, Rédha Malek quitte définitivement l'ANR sur un goût d'inachevé d'une œuvre où il avait placé, comme il l'avait souligné, la barre très haut, avec une autonomie vis-à-vis du pouvoir, une rectitude morale, une rigueur intellectuelle, une vocation éducatrice privilégiant la formation citoyenne sur les jeux politiciens. Durant tout son parcours, cet homme, d'un rare charisme politique et intellectuel, n'a pas cessé de revendiquer son attachement à la Révolution du 1er Novembre 1954. Rédha Malek est également un passionné d'écriture. Parmi ses œuvres, on citera Tradition et révolution, Le véritable enjeu, l'enjeu de la modernité en Algérie et dans l'islam, L'Algérie à Evian : histoire des négociations secrètes (1956/1962), L'Empreinte des jours, Guerre de libération et révolution démocratique : écrits d'hier et d'aujourd'hui et Arrêt du processus électoral, enjeux et démocratie. FARID BELGACEM