Déçus par les annonces du discours de Mohammed VI du 29 juillet dernier, qui n'a pas satisfait les attentes du mouvement Hirak, les Rifains ont repris la protestation mardi soir dans la région d'Al-Hoceima où plusieurs manifestations ont été enregistrées, notamment à Imzouren. L'opération de marketing politique du roi Mohammed VI, consistant en la libération d'une quarantaine de détenus du Hirak, mais aucun des meneurs du mouvement, ayant échoué, on revient aux condamnations judiciaires à la répression tous azimuts dans la région du Rif. Ainsi, selon les pages Facebook animées par des militants du mouvement de contestation du Rif, la ville d'Imzouren, située à une dizaine de kilomètres de l'épicentre du Hirak, Al-Hoceima, et d'autres petites localités environnantes ont vécu l'après-midi de mardi et une partie de la nuit des manifestations pour réclamer la libération sans conditions de tous les détenus. Face à cette reprise de la protestation, Rabat a dépêché d'autres forces de sécurité selon une vidéo postée dans la nuit du mardi au mercredi sur la page Facebook al-Hoceimasofficiel. En tout état de cause, les internautes militants du Hirak du Rif font état de heurts avec les forces de police, qui se chargent de réprimer toutes les tentatives de manifestations, notamment à Imzouren. Par ailleurs, le "comité du Hirak populaire" de Midhar a lancé un appel aux militants pour un rassemblement demain après la prière du Maghreb à la place du 19-Janvier. Pendant ce temps, la justice marocaine continue à condamner les personnes arrêtées lors de manifestations dans le Rif. Ainsi, le tribunal de première instance d'Al-Hoceima a condamné lundi soir un nouveau groupe de vingt détenus du Hirak, arrêtés le 20 juillet en marge de la grande marche d'Al-Hoceima, interdite par les autorités locales de la province du Rif. Alyaoum 24, qui a rapporté l'information mardi, indique que 15 d'entre eux ont été condamnés à des peines allant de six mois à un an de prison ferme. Quatre militants ont été condamnés à un an de prison ferme, trois détenus à huit mois de prison et trois autres à six mois de prison ferme. Quatre seulement ont été acquittés. Maître Rachid Bellali, un membre du comité de défense des détenus du Hirak, a confirmé l'information à cette même source, tout en soulignant que six personnes ont également écopé de six mois de prison avec sursis. L'avocat a affirmé que le comité de défense compte faire appel de l'ensemble de ces jugements devant la Cour d'appel d'Al-Hoceima dans les prochains jours. On apprend, par ailleurs que l'icône du Hirak Siliya Ziani a été victime d'une dépression nerveuse, d'où son admission, dans la nuit de lundi au mardi, aux urgences de l'hôpital Mohammed V d'Al-Hoceima. Quant aux causes du malaise, la sœur de Siliya a déclaré que cette dernière subit encore les conséquences de ce qu'elle a vécu en prison. Merzak Tigrine