Le président américain n'a pas l'intention de retirer ses 135 000 GI's d'Irak, au motif que les nouvelles forces irakiennes n'arrivent pas à juguler la violence. En dépit du formidable déploiement américain, plus de deux ans après la chute de Saddam, la guérilla parvient à frapper presque partout dans le pays, fauchant des centaines de vie tous les jours. Bush persiste et signe mais, cette fois, il n'a plus l'approbation ni de ses concitoyens, ni de la classe politique — y compris parmi les membres de son propre parti où seuls les ténors républicains continuent à l'encenser —, ni de la presse. Pour cette dernière, Bush n'a pas parlé honnêtement de l'Irak à ses concitoyens et son “étendard du 11 septembre” n'a plus raison d'être. Bush a raté le coche en livrant un discours répondant à des questions que personne ne se pose, estime l'influent New York Times, en référence à son leitmotiv qu'un Irak stable et démocratique valait des sacrifices de la part de l'Amérique. Le Washington Post, lui aussi,, est tombé à bras raccourci sur le discours de Bush à la base de Fort Bragg, en Caroline du Nord, l'enjoignant à ne plus occulter les aspects les plus difficiles de la situation en Irak. Le quotidien est convaincu que l'insurrection ne s'affaiblira pas, les troupes irakiennes n'étant pas prêtes à prendre le relais des GI's avant plusieurs années et les forces américaines se révélant incapables de stabiliser le pays. 1 730 soldats américains ont été tués depuis l'invasion de l'Irak en mars 2003. Le démocrate John Kerry, qui avait affronté Bush à la présidentielle 2004, a estimé que le locataire de la Maison-Blanche court à la catastrophe avec une politique qui ne repose sur aucune stratégie réaliste pour réduire les risques et augmenter les chances de succès en Irak. Une enquête publiée par ABC/Washington Post montre qu'une majorité d'Américains désapprouve la gestion de Bush en Irak et qu'un Américain sur deux estime qu'il a “intentionnellement” trompé l'opinion sur les raisons d'entrer en guerre. Bush a, néanmoins, prévenu ses concitoyens sur de nouveaux sacrifices à consentir, avouant que la situation allait rester difficile en Irak : “Les Américains doivent se préparer à des moments difficiles, qui mettront la détermination des Etats-Unis à l'épreuve !” D. Bouatta