La guérilla a transcendé l'aura de Saddam Hussein pour devenir une affaire incarnée par le peuple. Au moment où des chaînes de télévision du monde entier diffusaient les images de la capture de Saddam Hussein, 16 policiers irakiens et deux civils, dont une fillette de 7 ans, ont été tués et 29 autres blessés dans l'explosion d'une voiture piégée devant le poste de police de Khaldiya, à l'ouest de Bagdad. Un signal fort venant de la résistance irakienne et qui peut être interprété comme : «Inutile de s'attarder sur les scénarios hollywoodiens savamment échafaudés par les Américains dans les rues de Bagdad, la résistance continue...» Depuis trois mois, presque quotidiennement, les forces de la coalition font face à une guérilla urbaine qui va crescendo. Aussi, la capture du président déchu ne semble pas affecter un combat devenu au fil du temps une question de libération contre un occupant. Saddam ne semble pas avoir une sérieuse emprise sur la résistance qui a mûri depuis la chute de Bagdad le 12 avril 2003. Les attentats ont été commis par des jeunes pour la plupart issus de la dure école du Baâth. Ils orchestraient les attaques suicide et des embuscades de tout ce qui symbolise la coalition. Nombre d'Irakiens ont été les victimes des opérations de la guérilla qui a frappé Italiens, Britanniques, Espagnols et même Japonais, alliés des Etats-Unis dans la coalition. Si, au début, la résistance ne s'est manifestée que chez les sunnites, avec le temps, l'affaire est devenue une question de libération d'un pays sous occupation de forces étrangères. Aussi, sunnites et chiites tiennent presque un même langage qui est celui de la guérilla à outrance. Il faut prendre en considération surtout le fait que les Iraniens ont une grande influence sur les chiites basés en Irak et dont la position est foncièrement anti-américaine. Sur un autre plan, il est peu probable que Saddam ait une véritable emprise sur la résistance. Les Américains l'ont présenté comme la tête pensante, ce que récusent les observateurs politiques. Il n'est pas vraiment le chef exécutif de la guérilla, ou alors il contribue par des financements pour soutenir la logistique. Pour ces mêmes observateurs, la résistance irakienne a transcendé l'aura de Saddam Hussein pour devenir une affaire qui a gagné les masses. Elle est surtout active et organisée, ce que reconnaissent les Américains eux-mêmes. Elle semble avoir son propre commandement, son organigramme et ses propres sections disséminées à travers le territoire irakien. Une structuration difficile à décapiter et qui risque de se prolonger dans le temps. Depuis que le président Bush a annoncé la fin des opérations militaires majeures, le 1er mai dernier, environ 200 soldats américains ont été tués au combat en Irak. Plus de 2200 GI's ont également été blessés depuis cette date.