La complexité du dossier imposera, forcément, au nouveau ministre de prendre en compte le constat de son prédécesseur. À peine installé à la tête du ministère de l'Industrie et des Mines, Youcef Yousfi a fait état des priorités de l'agenda de son secteur. En marge de la cérémonie de passation de pouvoirs organisée au ministère, il a évoqué, pêle-mêle, les projets industriels dans la valorisation du phosphate, les engrais, la sidérurgie et la relance du projet des mines de fer de Ghar Djebilat, mais surtout le dossier de l'industrie de montage automobile. Pour le ministre, l'objectif principal du secteur dont il prend la charge et qu'il qualifie de "sensible", est d'aller vers l'"intégration" de l'industrie automobile dans le programme des "industries nationales". Cette priorité, accordée à l'industrie automobile, va dans la logique des choses. Le nouveau ministre de l'Industrie sait qu'il est attendu sur ce très controversé dossier de l'automobile. Une controverse alimentée par son prédécesseur, Mahdjoub Bedda, qui avait déclaré que "les objectifs tracés n'ont pas été atteints" en accusant les constructeurs concernés de faire de "l'importation déguisée". Il a même menacé de fermer les usines de montage automobile. Le constat de Mahdjoub Bedda était que l'industrie automobile en Algérie était en faillite par rapport à ce qu'elle devait produire comme impact sur la création de richesses, d'emplois et d'exportation. Un constat lourd qui signifie tout simplement que l'ouverture de l'Algérie sur la fabrication automobile n'a pas, parfaitement, voire sérieusement pris le bon chemin ni de la performance ni de la rentabilité attendues. Pour y remédier, Mahdjoub Bedda avait entrepris de geler l'octroi d'agréments aux constructeurs jusqu'à assainissement de la situation et définition d'un nouveau cahier des charges "plus adéquat". Il avait retardé l'octroi des licences d'importation de véhicules pour l'année 2017. Mahdjoub Bedda avait même évoqué de revoir en profondeur la politique des avantages fiscaux accordés dans le cadre du dispositif SKD/CKD. Des mesures qui ont provoqué une levée de boucliers et ont mis à mal le secteur de l'automobile en Algérie. Nonobstant ces actions, le constat du prédécesseur de Youcef Yousfi n'est pas, pour autant, totalement erroné. Le secteur automobile affiche aujourd'hui des résultats décevants. Pourtant, les raisons de l'échec de la production de voitures en Algérie sont peut-être à trouver dans les dysfonctionnements pointés dans la stratégie de développement du secteur. Certains observateurs pointent le SKD (semi knocked down) qui consiste à importer le véhicule en kits prémontés, simplement rivetés ou boulonnés sur place. Autre problème mis en avant, le très faible "taux d'intégration" de 15% de pièces produites localement, imposé aux industriels. Le nouveau ministre hérite ainsi d'un dossier des plus sensibles. Le contexte de sa nomination pourrait suggérer qu'il est nommé pour effacer l'intermède Mahdjoub Bedda. Mais, un retour à la méthode Bouchouareb semble un raccourci qui ne réglera pas le problème. La complexité du dossier imposera, forcément, au nouveau ministre de prendre en compte le constat de son prédécesseur. Plus globalement, le secteur constitue l'une des assises essentielles pour la construction d'une économie diversifiée qui aide à sortir de la dépendance aux hydrocarbures, pour Youcef Yousfi qui compte se concentrer sur les richesses produites par les petites et moyennes entreprises, estimant que "ces richesses représentent la force de l'économie nationale". Youcef Yousfi a souligné que ce secteur, conformément au programme du président de la République, "générera de nouvelles ressources et créera des emplois". Le ministre a rappelé que la réalisation de ces objectifs ne peut s'accomplir que par la conjugaison des efforts de tous les cadres et responsables du secteur. Saïd Smati