Enclenchée par la prolongation des sanctions américaines contre la Russie, cette guerre diplomatique provoque des remous sur la scène régionale et internationale. Certains alliés des Etats-Unis ont été mis très mal à l'aise, en premier lieu l'Allemagne. L'affaire du vote par le sénat américain de nouvelles sanctions contre la Russie a connu hier de nouveaux rebondissements, avec l'annonce par l'ambassade des Etats-Unis à Moscou de la suspension temporaire de l'octroi de visas en Russie, en réaction à la réduction de son personnel diplomatique par le Kremlin. "En raison de la limite imposée par le gouvernement russe sur le nombre du personnel diplomatique autorisé à se trouver en Russie, toutes les opérations liées aux visas hors immigration seront suspendues le 23 août", a indiqué l'ambassade dans un communiqué, dont des extraits ont été relayés par les médias russes et américains. "Les opérations reprendront le 1er septembre à Moscou, mais les opérations dans les consulats américains (dans les autres villes russes) resteront suspendues indéfiniment", a-t-elle ajouté. Les Etats-Unis disposent de consulats à Saint-Pétersbourg, Ekatérinbourg et Vladivostok, en plus de Moscou, et ont émis plus de 190 000 visas pour des Russes en 2016. "Je ne peux que dire une chose : nous ne passerons pas nos nerfs sur les citoyens américains", a dénoncé en fin de matinée le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, lors d'un point de presse conjoint avec son homologue égyptien Sameh Chokri. "C'est-à-dire que si quelqu'un espérait qu'un mauvais exemple dans ce domaine serait contagieux, il s'est fortement trompé", a-t-il ajouté, cité par Sputnik News. "Les auteurs américains de ces décisions ont mijoté une autre tentative de susciter le mécontentement des citoyens russes à propos des actions des autorités russes. C'est une logique bien connue, c'est la logique de ceux qui organisent des révolutions de couleurs, et c'est l'inertie flagrante de l'administration Obama", a souligné le ministre russe, alors qu'un sénateur russe a affirmé aux médias locaux que son pays ne restera pas muet face à ce qui est qualifié par certains comme une nouvelle tentative de provoquer des troubles en Russie. "Nous n'avons pas le droit de rester muets, et il est bien évident que notre réponse sera symétrique", a déclaré Andreï Klimov, vice-président de la commission des Affaires étrangères du Conseil de la Fédération (sénat russe), à la presse locale. Pour rappel, les mesures décidées par Washington resteront en vigueur aussi longtemps que les mesures imposées en juillet par Moscou, a précisé l'ambassade américaine. Les autorités russes avaient alors ordonné à Washington de réduire son personnel d'ambassade et de consulats de 755 personnes, pour le ramener à 455, au niveau des effectifs des représentations russes aux Etats-Unis. Elles ont également privé les diplomates américains de la jouissance d'une résidence en périphérie de la capitale russe et d'un entrepôt. Ces mesures, d'une ampleur inédite, font office de représailles à la confiscation de deux propriétés de la diplomatie russe aux Etats-Unis et aux sanctions économiques votées par le Congrès américain contre Moscou, accusé d'ingérence dans l'élection présidentielle américaine de 2016. Lyès Menacer