Un ferrailleur de Chetouane est versé dans la récupération de déchets divers : plastique, aluminium, cuivre, batteries usagées, radiateurs “réformés”… Il travaille en “sous-traitance” avec une entreprise privée de recyclage. Ce brocanteur est approvisionné en grande partie par une armée d'enfants qui font notamment “la chasse” aux bidons de plastique et autres produits ou matières non biodégradables. Ils débarrassent leur environnement (cités, quartiers, rues) de ces déchets, “soulageant”, par là-même, les éboueurs dans la collecte des ordures. D'autre part, ils contribuent innocemment, mais non moins effectivement, à un processus nouveau chez nous que sont la récupération et son corrolaire, le recyclage. Le ferrailleur traite avec ses pourvoyeurs sur la base d'un barème dont lui seul connaît le secret lucratif : plastique, 10 DA/kg, aluminium, 15 DA/kg, cuivre, 45 DA/kg, 1 paire de claquettes en plastique usée, 10 DA, batterie hors d'usage, 2 DA/kg, 1 radiateur “réformé”, 25 DA… Cette “passion” commerciale juvénile nous rappelle un souvenir d'enfance, comme si cela datait d'hier. Pendant les vacances d'été (saison des fruits), on faisait la collecte des noyaux d'abricots dont on prélevait un “quota” pour les jeux, puis on livrait le reste dans des bourses en… jute (emballage non polluant en usage à l'époque) a un pharmacien qui tenait une officine à Souk El Ghzel. Cet apothicaire nous “récompensait” en nous donnant des sous, suivant la quantité d'“arachide” reçue. Ce qui nous intéressait, c'est l'argent de poche. Evidemment, on ne pouvait deviner alors, en tant qu'enfants, ce que El Hadj Ben Alioua faisait de notre marchandise de “fortune”, d'autant plus que sa “manipulation” se faisait dans l'officine (extraction d'huile, préparation de crème…). En somme, de la cosmétologie “naturelle”, à “bon marché”. Ceci contrairement à l'échoppe de l'artisan peignier de la rue de la Sikak, où nous assistions à la transformation (recyclage) de nos cornes de moutons que nous troquions contre des bonbons. Autre temps, autres mœurs. Jadis, la récupération servait l'artisanat ; aujourd'hui, c'est l'industrie qui en bénéficie. Dans ce contexte, une chaîne de télévision étrangère avait montré une exposition (salon) d'objets de luxe fabriqués à partir de déchets recyclés. Par ailleurs, indiquons qu'une station de compostage (unité Eratom de Saf-Saf), qui fonctionne au niveau de la décharge publique (commune de Chetouane), n'arrive à traiter actuellement que 25% de déchets du groupement urbain (Tlemcen, Chetouane, Mansourah), alors que le volume total du traitement des déchets domestiques est évalué à 60 000 DA. À propos, n'est-il pas temps d'initier une vaste campagne à la fois éducative et écologique pour le ramassage de ces maudits sachets noirs, qui ternissent notre environnement, avec la mobilisation des écoliers et des scouts qui seront récompensés à ce titre (par le biais de l'éducation, la santé ou l'environnement) ? Le concept d'écologie à l'école (ou d'éducation environnementale) se traduisait ainsi concrètement sur le terrain, loin des slogans creux et des spots “animés”… A. B.