De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani L'activité de récupération et de recyclage des déchets ménagers et industriels est devenue, ces dernières années, un créneau très lucratif qui a encouragé une vingtaine d'entreprises à Annaba à investir dans ce secteur. Un nettoyage de l'environnement et une dépollution intéressés et intéressants puisque permettant de faire des bénéfices aussi bien pour les entités économiques spécialisées dans la récupération que pour celles disposant de la technologie nécessaire pour la transformation et la revalorisation de ces déchets qui posent problème. Ainsi, déchets industriels ou domestiques solides ou liquides (ferraille, plastique, papier, verre, batteries et autres) sont récupérés et revendus aux entreprises de recyclage comme matière première à leurs activités. Ces déchets passent par différents étapes et processus de transformation pour que soient extraites les matières réutilisables qui seront revendues sur le marché national ou exportées. Ce secteur fortement encouragé et soutenu par l'administration, particulièrement la direction de l'environnement de la wilaya, est en train de se développer et de s'implanter dans le tissu industriel de la région, créant des centaines de postes d'emploi. Des entreprises spécialisées dans ce genre d'activité s'implantent un peu partout dans un rayon d'une dizaine de kilomètres du complexe d'El Hadjar pour stocker la matière première avant de la livrer à la transformation. D'autres se sont équipées pour procéder au recyclage et à la valorisation de ces déchets pour ensuite mettre sur le marché une matière prête à l'emploi et qui servira à la fabrication de produits utiles. Nouveau complexe Parmi ces entités économiques et en dehors du complexe sidérurgique ArcelorMittal d'El Hadjar qui a «nettoyé» la région est de tous les déchets ferreux défigurant le paysage et portant atteinte à l'environnement, un autre complexe, spécialisé celui-là dans la récupération et le recyclage des batteries, l'un des deux au niveau national qui s'occupent de ce type de déchet très nocif, dangereux et polluant, est en activité depuis janvier 2009. Ce complexe, SAS recyclage, est un exemple d'investissement direct étranger (IDE) dans ce secteur productif dont la double utilité économique et environnementale n'est plus à démontrer surtout dans les zones industrielles de Meboudja et El Allelik avec les complexes sidérurgiques et pétrochimiques qui causent bien des problèmes aux populations avec les pollutions multiformes qu'ils déversent dans l'atmosphère et dans la nature. A l'instar du tunisien Kimial associé au groupe Asmidal et de l'émirati SIDAR, les Libanais se sont investis entièrement à Annaba pour réaliser ce complexe, le plus grand d'Afrique, implanté dans la zone industrielle El Allelik à l'entrée est de la ville de Annaba. Un investissement lourd qui a coûté plusieurs millions de dollars mais qui peut encore être revu à la hausse pour répondre aux besoins de développement planifiés. Cette usine spécialisée dans la fabrication du plomb avec une production mensuelle de 1 650 tonnes de ce métal a été mise en service il y a plus d'une année et emploie actuellement 120 travailleurs permanents. Le processus de récupération, de traitement et de valorisation est complexe puisque relevant d'une haute technologie que maîtrisent désormais les techniciens et ingénieurs algériens employés dans l'usine. «Nous vérifions tout et nous veillons à ce que toutes les étapes soient scrupuleusement respectées pour que le produit fini soit compétitif, il y va du devenir du complexe», nous confie l'un des spécialistes en combinaison de travail. Le plomb récupéré est retraité selon des procédés modernes utilisant des machines de dernière génération pour fabriquer un produit répondant aux normes et aux caractéristiques internationales. Un laboratoire disposant d'un équipement sophistiqué procède aux analyses exigées pour s'assurer de la qualité du plomb fabriqué par le complexe avant de délivrer une autorisation d'exportation. «Il s'agit pour nous de nous assurer que notre produit réponde positivement à toutes les analyses auprès de nos clients. Je peux certifier que le plomb fabriqué par SAS Recyclage est un plomb de haute qualité et très apprécié à l'étranger. Nos clients et partenaires économiques nous font confiance parce que nous avons créé un label qui a fait notre réputation sur le marché international. Ce label ‘‘ARC'' est imprimé sur les lingots de plomb que notre société exporte en France, en Italie, en Asie du Sud-Est mais aussi dans d'autres pays», nous déclare M. Oreibi, directeur général de SAS Recyclage. Récupération et transformation du plastique En dehors du plomb, ce métal lourd qui est utilisé dans différents produits courants, la partie plastique de la batterie est, elle aussi, recyclable et réutilisable dans la fabrication de plusieurs articles. En somme, rien n'est jeté dans la nature, tout est récupérable dans cet accumulateur d'énergie qui, il y a quelque temps, était jeté comme déchet et à l'origine de la dégradation de l'environnement parce que n'étant pas biodégradable. Ainsi, le plastique récupéré et retraité passe par les mêmes procédés de fabrication et de retraitement ; après tout le processus, il est lui aussi soumis à des analyses strictes et rendu sous forme de granulés pour être revendu sur le marché intérieur et être réutilisé. Une entreprise chargée de la récupération de batteries usagées tourne à plein régime avec ses gros camions qui arrivent de tout le territoire national pour approvisionner le complexe. Retombées économiques et gains en devises Les retombées économiques de cette activité sont bénéfiques pour toute la région de Annaba et même pour les wilayas limitrophes puisqu'on compte des centaines d'emplois indirects et des gains substantiels pour tous. Il faut aussi signaler qu'en dehors de ces gains surtout en devises rapatriés et qui se comptent parmi les exportations hors hydrocarbures, la société SAS Recyclage, par la récupération des centaines de milliers de batteries hors d'usage jetées et abandonnées dans la nature, contribue activement à la protection et à la préservation de l'environnement. Un «nettoyage» utile qui peut servir d'exemple à d'autres secteurs polluants.