Inspirés certainement par les mêmes égéries, Abdelkader Bensalah et Saïd Bouhadja ont fait de la défense du président de la République le leitmotiv de leurs discours respectifs. Les présidents de l'Assemblée populaire nationale (APN) et du Conseil de la nation, en l'occurrence Saïd Bouhadja et Abdelkader Bensalah, n'ont pas été avares en messages politiques dans leur discours hier, à l'ouverture de la session parlementaire ordinaire de l'année 2017-2018. L'un et l'autre se sont fait un devoir de répondre aux voix de l'opposition qui crient à la vacance du pouvoir, notamment à celles qui appellent à l'application de l'article 102 de la Constitution prônant la destitution du président de la République pour son incapacité physique à exercer ses fonctions. Pour les présidents des deux Chambres parlementaires, le président Bouteflika puise sa légitimité de l'élection présidentielle de 2014 qui, selon eux, reste la source unique de la légitimité. "Le président de la République a été plébiscité par le peuple algérien à l'issue d'un suffrage transparent et démocratique", a rappelé M. Bouhadja, comme pour justifier la légitimité du président Abdelaziz Bouteflika, non sans dénoncer "les voix qui portent de faux jugements qui dépassent l'éthique politique" et qui, "par désespoir, tentent de semer le doute sur les institutions". Pour Bouhadja, "les élections sont la voie unique de la légitimité et que le développement de l'édifice démocratique et son ancrage ne pourront se faire sans le respect des institutions constitutionnelles". Ce discours de Bouhadja s'adresse, il est clair, à l'opposition qui appelle à la destitution de Bouteflika. Une réclamation qui remonte, à vrai dire, au printemps 2013, période durant laquelle le Président fut victime d'un AVC. En vain, puisqu'une année plus tard, il sera reconduit pour un quatrième mandat consécutif. Dans l'ancienne Constitution, faut-il le rappeler, c'était l'article 88 qui stipulait la destitution du Président en cas de perte de ses capacités physiques à exercer ses fonctions avant qu'il ne soit remplacé par l'article 102 de la Constitution révisée par le même Bouteflika en février 2016. Néanmoins, pour Bouhadja, ceux qui appellent à l'application de cet article "ignorent sciemment et pour des raisons obscures la logique constitutionnelle" et que "leur objectif apparent n'est rien d'autre que d'affaiblir les institutions constitutionnelles de l'Etat et de faire reculer le pays avec tous les risques que comporte cette aventure dans l'inconnu". S'il tolère la dénonciation des déviations et l'expression libre de ces points de vue (...), M. Bouhadja juge, toutefois, que "la critique et l'évaluation sont complètement différentes des tableaux noirs dressés par certains et du désespoir qu'ils veulent semer en tentant de porter préjudice aux institutions de l'Etat et à ses symboles et ainsi, porter atteinte à sa légitimité". Comme s'ils s'étaient passé le mot, le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, est également allé de sa dénonciation de ceux qui réclament la déclaration d'empêchement pour Bouteflika. Abdelkader Bensalah a affirmé, sans trop s'étaler sur le sujet, que "le président Bouteflika se porte bien et qu'il exerce ses fonctions et les prérogatives que lui confère la Constitution le plus normalement du monde". Les présidents des deux Chambres parlementaires semblent réconfortés par le fait que le président Bouteflika fera sa réapparition à l'occasion du Conseil des ministres annoncé par Ouyahia pour mercredi prochain. Le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbes, n'a pas manqué, lui aussi, l'occasion de prendre la défense de Bouteflika qui, selon lui, "va bien". "Sa santé est ordinaire. Si vous dites bonne, vous ouvrez la voie au doute. Je le dis et le répète en tant que médecin, sa santé est ordinaire. Il assume pleinement ses responsabilités en tant que Premier magistrat du pays d'une manière normale", a-t-il en effet soutenu dans une déclaration faite à la presse en marge de l'ouverture de cette session parlementaire. Cela, non sans accuser ceux qui appellent à l'application de l'article 102 de vouloir pousser Bouteflika à la démission. "Ce qui se dit actuellement nous rappelle les déclarations faites durant l'été 1998 notamment dans la presse. C'est du copier coller. Mais cela nous ne inquiète pas, cela me fait même rire. C'était avec Zeroual, mais celui qui ne connaît pas Bouteflika se trompe. Zeroual a démissionné après trois mois de déclarations. Certains veulent rééditer le scénario de 1998", a-t-il commenté. Farid Abdeladim