Le rapport de HRW tombe mal pour les forces armées maliennes qui peinent à reprendre le terrain perdu depuis fin 2012 dans le nord du Mali. Il en est de même pour l'armée burkinabé, accuse l'ONG londonienne. L'ONG Human Rights Watch (HRW) a rendu hier un rapport accablant sur les "meurtres extrajudiciaires" que des soldats maliens et burkinabés auraient commis contre des éléments islamistes, lors des différentes opérations de lutte contre le terrorisme. "Les opérations militaires menées par les forces armées du Mali et du Burkina Faso afin de contrer la présence croissante de groupes armés islamistes dans le centre du Mali ont occasionné de graves violations des droits humains", a dénoncé HRW, précisant que "depuis la fin de 2016, les forces maliennes se sont livrées à des meurtres extrajudiciaires, à des disparitions forcées, à des actes de torture et à des arrestations arbitraires à l'encontre d'hommes accusés de soutenir les groupes armés islamistes, tandis qu'une opération effectuée en juin 2017 à travers la frontière par les forces burkinabés s'est soldée par la morts de deux suspects", lit-on dans le communiqué publié sur le site de l'organisation non-gouvernementale. "La logique perverse consistant à torturer, tuer ou ‘faire disparaître' des personnes au nom de la sécurité alimente le cycle croissant de la violence et des abus au Mali", a ajouté HRW, citant Corinne Dufka, sa directrice de recherches sur le Sahel auprès de la division Afrique. "Les gouvernements malien et burkinabé devraient contrôler les unités qui commettent des abus et poursuivre en justice les responsables", a-t-elle ajouté. Des familles de ces présumés terroristes, victimes d'exactions, ont fourni de précieuses informations sur ce qui s'est passé ces deux dernières années dans ces deux pays. "Des membres des familles de victimes ont fourni à Human Rights Watch des listes des noms des hommes présumés enterrés dans trois fosses communes découvertes dans la région de Mopti", lit-on encore. "Ces trois fosses contiennent respectivement les cadavres de cinq hommes qui auraient été tués le 19 décembre 2016, de trois hommes arrêtés le 21 janvier 2017, et d'au moins six hommes arrêtés début mai 2017", a ajouté l'ONG. Il a y eu au moins "27 cas de disparitions forcées", accuse l'ONG. "Les gouvernements malien et burkinabé devraient contrôler les unités qui commettent des abus et poursuivre en justice les responsables", a-t-elle estimé. L'ONG a "documenté l'existence de trois fosses communes qui auraient contenu les cadavres d'au moins 14 hommes exécutés après avoir été détenus depuis décembre par des militaires maliens", a précisé HRW qui dit se baser sur les témoignages de nombreuses parties qui ont affirmé que les soldats mis en cause ont "fait subir des brutalités, des brûlures et des menaces à des dizaines d'hommes accusés de soutenir les groupes armés islamistes". Pis, les autorités maliennes soupçonnées d'avoir dissimulé la vérité sur les cas de disparitions signalés. "Le gouvernement malien n'a fourni aucune information aux familles sur leurs proches qui avaient été arrêtés et dont elles étaient sans nouvelles", a dénoncé le rapport en question. "Les militaires sont soupçonnés d'avoir incendié des biens et soumis ces hommes à des sévices physiques qui ont causé la mort de deux de ces détenus", a indiqué l'ONG qui a fait référence à une opération des soldats burkinabés dans un village malien en juin dernier, où ils ont arrêté plus de 70 hommes, accusés de soutien à la nouvelle nébuleuse terroriste Ansaru al-Islam, issue de la fusion de cinq groupes terroristes très actifs dans le nord du Mali. Lyès Menacer