Durant deux jours, les participants au Forum des créateurs africains ont soulevé, lors de cette première rencontre du genre en Algérie, les différentes contraintes auxquelles font face les acteurs de la culture et de l'art dans le continent noir. Le Forum des créateurs africains, qui s'est tenu pour la première fois en Algérie les 14 et 15 septembre, et à l'issue duquel a été créé le prix artistique "Miriam Makeba", a vu la présence d'une quarantaine de créateurs et représentants de dix-huit organisations de protection des droits d'auteur et créateurs en Afrique. Organisée par l'Onda (Office national des droits d'auteur et droits voisins) et la Cisac (Confédération internationale des sociétés d'auteurs et compositeurs), cette manifestation a réuni, durant la deuxième journée à l'hôtel El-Djazaïr, les directeurs généraux et représentants de plusieurs organismes maghrébins et africains. Ces derniers ont appelé, dans une déclaration collective de neuf recommandations, les pays africains à faire, entre autres, "de la culture un vecteur de rapprochement et de solidarité entre les peuples du continent". En sus, ils s'engagent sur "l'objectif commun prioritaire de défense des créateurs à travers la prise en compte du transfert de la valeur aux niveaux juridique et économique". Ainsi, les directeurs généraux de la Cisac et de l'Oapi (Organisation africaine de la propriété intellectuelle), respectivement Gadi Oron et Denis Bohoussou, ont signé un accord de partenariat. Cette signature, a déclaré M. Gadi, vise à "renforcer la protection des créateurs africains" et à "promouvoir des activités culturelles et soutenir la croissance économique tout en permettant la création d'emplois". Cette coopération permettra, en sus, à l'Oapi de bénéficier du soutien financier de la part de la Cisac pour la réalisation de ses différents projets artistiques, ont souligné les intervenants. Par ailleurs, une réunion de réflexion sur le programme du forum s'est tenue en présence des responsables des différentes organisations, à l'image d'Irène Vieira, directrice générale du Burida (Bureau ivoirien du droit d'auteur), ou encore Pierre Runiga, représentant de l'Aripo (organisation régionale africaine de la propriété intellectuelle). À cet effet, les problèmes auxquels sont confrontés les créateurs africains ont été soulevés, notamment en ce qui concerne le recouvrement de leurs droits, représentant seulement 0,7% du total des collectes mondiales (67 millions d'euros), selon les intervenants. Avant la clôture de ces rencontres, le lancement officiel de l'Alliance panafricaine des scénaristes et réalisateurs a eu lieu en présence des membres de la Fepaci (Fédération panafricaine des cinéastes) et le WDW (conseil d'auteurs de la Cisac). Cette alliance aura pour objectif "la défense des droits d'auteur", "le soutien aux organisations", "la formation des auteurs" ou encore "la liberté d'expression et l'égalité des genres". Simultanément à la naissance de cette nouvelle organisation, les membres du Ciam (Conseil international des créateurs de musique), à leur tête Lorenzo Ferrero, des représentants de syndicats et d'organismes de protection des droits d'auteur africains, ainsi que le chanteur Hakim Salhi et Amine Dahane ont échangé sur les difficultés de leur secteur. Les problèmes qui revenaient souvent sur la table étaient manifestement la diffusion des œuvres dans les circuits illégaux, le piratage et la diffusion de leur musique dans le cinéma. À l'issue de l'entrevue, le président du conseil a insisté sur l'importance de la formation des artistes, la création d'organisations régionales des droits d'auteur pour chaque pays. Yasmine Azzouz