Les cambistes de Port-Saïd, de Meissonier ou de Clauzel ont enregistré un rush sur la monnaie européenne jeudi dernier. Le dinar vient de perdre de nouveau de la valeur sur le marché parallèle de la devise. Il s'échangeait hier à 198 DA pour un euro, contre 196 DA pour un euro quelques jours auparavant. À Meissonier, Clauzel ou Port-Saïd à Alger, le même taux est pratiqué. Les cambistes de ces marchés ont enregistré une forte demande sur la monnaie européenne, d'où cette flambée de la devise au marché noir. "L'euro va dépasser la barre des 200 DA les prochains jours, voire les prochaines semaines", avertit un cambiste. Ce rush sur la monnaie européenne s'explique par le contexte économique caractérisé par la crise financière que vit le pays. "Le discours alarmiste du Premier ministre sur la situation financière (nous n'avons pas de quoi payer les salaires de novembre, le recours à la planche à billets pour régler ce manque chronique de ressources financières) et le discours alarmiste de certains experts (une inflation à trois chiffres, nous n'aurons pas de quoi payer nos importations dans trois ans) sont à l'origine de cette forte demande sur l'euro. Les particuliers qui ont par exemple une épargne de 3 millions de dinars ou les opérateurs économiques ont échangé des dinars contre des euros. La monnaie européenne est actuellement une valeur refuge contre une forte dévaluation du dinar, une forte inflation ou une plus importante dégradation de la situation financière du pays", explique un spécialiste financier. Du coup, on est très loin, aujourd'hui, de l'extinction de ce marché. L'écart entre les taux officiels de la devise et ceux du marché parallèle se creuse : environ 50%, alors qu'on était à 20-30% dans les années 2000. Cette situation de chute de la valeur du dinar est la conséquence de la crise financière du pays et des incertitudes sur la sortie de crise accrues par les doutes sur l'efficacité des mesures prises par le gouvernement et les réserves des spécialistes sur ces choix. Le recours à la planche à billets, signe d'une dégradation de la situation financière du pays, encourage le mouvement, ajoute le spécialiste. Sur le marché de change officiel, le dinar par rapport à l'euro et au dollar a connu des glissements ces dernières semaines, laissant croire à une dévaluation importance d'ici à la fin 2017, voire en 2018. On anticipe un euro à 140 DA d'ici à la fin de l'année. L'accès à ce marché officiel de la devise subventionnée, pas toujours facile pour certains importateurs et certains opérateurs, rend le recours au marché officiel nécessaire. Ce qui explique, entre autres, la prospérité de ce marché noir de la devise. Un marché d'autant plus sollicité que l'allocation voyage demeure insuffisante, la pénurie de médicaments implique des achats en devises à l'étranger de ces produits. En fait, les dérèglements de l'économie nationale alimentent la flambée de l'euro sur le marché parallèle. K. Remouche