Plus de 2 000 litres de carburant transportées par une dizaine de véhicules ont été saisies la semaine dernière. Le citoyen continue de subir les affres du trafic du carburant pratiqué par la contrebande qui ne cesse de prendre de plus en plus de l'ampleur et devient une réelle menace pour l'économie du pays. Malgré le nombre important de stations-service que compte la région frontalière (9 au niveau de la seule daïra de Maghnia), l'automobiliste est embarrassé chaque fois qu'il passe à la station pour s'approvisionner devant des files interminables de voitures dont les réservoirs sont à grande contenance ou carrément modifiés pour contenir, dans certains cas, 1000 litres de carburant ! Pour confirmer cela, ce J5 interpellé par les éléments de la police, qui fait le transport de personnes et dont les sièges sont installés sur un réservoir qui occupe tout l'espace interne du plancher, un réel danger pour les voyageurs et pour l'économie. Un ras-le-bol semble se dégager chez l'honnête citoyen qui se sent impuissant face à ce fléau qui l'importune et qui le met en danger, comme les habitants de quartiers où des individus se sont improvisés en “vendeurs de carburants” dans leurs propres maisons mettant ainsi en péril toute une population. Des accidents se sont déjà produits à quatre reprises et ont fait 5 décès. Tous les moyens sont devenus bons pour les contrebandiers de carburants pour gagner 600 DA sur un jerrican de 30 litres. Ce sont des milliers de litres qui traversent ainsi quotidiennement les frontières à dos d'âne vers le Maroc et qui sont troqués au meilleur des cas contre des oranges refusées pour l'exportation ou des boîtes de sardines ou de thon de qualité médiocre ou douteuse. Des individus issus de toutes les franges de la société s'adonnent à ce trafic qui est en passe de devenir leur principal travail comme ce fonctionnaire qui voit en cette activité un appoint de taille qui l'aide à boucler largement la fin du mois. Le visiteur de l'Extrême-Ouest est frappé par le nombre impressionnant de véhicules type Mercedes ancien modèle, c'est sans conteste pour des raisons évidentes la région où la concentration de ce genre de véhicules est le plus important au niveau national. Même les véhicules de petites cylindrées ne sont pas épargnés, ils sont utilisés pour le transport des jerricans avec des réservoirs modifiés pour une plus grande contenance. À ce propos, on cite la dernière saisie de 2 200 litres la semaine dernière par les éléments de la police transportées par une dizaine de véhicules et, étrangement, c'est une Clio qui contenait la plus grande quantité, à savoir 540 litres ! Au niveau des stations-services, c'est le désordre et la confusion. Les éléments de la police lors d'un contrôle ont intercepté un individu dont le véhicule a réussi à contenir 1000 litres, une capacité extraordinaire qui gêne énormément le reste des automobilistes lors de leur approvisionnement. La station a ainsi été fermée sur décision du wali pour un mois et ce, pour lui avoir permis de remplir toute cette quantité. D'autres stratagèmes sont utilisés tels que le refus de vous servir en avançant qu'il ne reste plus de carburant alors que ce n'est pas le cas pour d'autres. Une quantité de 256 000 litres a été saisie ces derniers mois par tous les corps confondus (gendarmerie, police, douanes…), plusieurs dizaines de véhicules saisis et plus de 200 personnes ont fait l'objet de poursuites judiciaires. À titre indicatif, 488 000 litres ont été livrés pour deux seules stations en moins d'un mois, ce qui présage une inquiétante dérive. A. M.