Poutine table sur la visite à Moscou de la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice pour réchauffer des relations russo-américaines crispées depuis plusieurs mois. Le président russe entend souligner à cette occasion l'importance de développer entre les deux pays des relations stratégiques, comme le lui avait promis le président Bush lors de sa réélection à la tête des Etats-Unis. Le Kremlin compte, en effet, minimiser les nombreux désaccords survenus brutalement entre les deux pays depuis le début de l'année. Notamment, à propos des révolutions “douces” en Asie centrale, de la démocratisation en Russie ou du programme nucléaire iranien et, faire plutôt valoir des intérêts communs. Parmi ceux-ci, poursuivre la lutte contre le terrorisme, contenir les poussées islamistes dans le Caucase et la prolifération des armes de destruction massive. Lors de la dernière rencontre entre les deux présidents, à Bratislava en février, les Etats-Unis étaient très critiques à l'égard de la Russie, voulant même lui infliger une correction, à en croire les déclarations de Rice sur des velléités autoritaristes affichées par le Kremlin. Des échanges diplomatiques musclés entre les deux pays ont eu lieu à la suite de la révolution ukrainienne ayant conduit au pouvoir un candidat pro-occidental. Bush devait même recevoir en grande pompe à Bratislava les diverses ONG de la région, drivées par Washington, qui sont à l'origine des révolutions “douces” en œuvre aux frontières de la Russie. Washington aurait, selon diverses sources, procédé à ces multiples pressions pour obtenir un accès de ses inspecteurs à certaines installations nucléaires russes top secrètes, en contre-partie d'une attitude plus complaisante à l'égard de la façon dont la Russie conduit ses réformes. Plus que tout autre chose, Bush a peur que des terroristes s'emparent d'armes nucléaires russes, selon lui “insuffisamment protégées”. La coopération dans le domaine de la sécurité nucléaire étant la priorité pour Washington, des analystes s'attendent à ce que Mme Rice soulève la question lors de ses entretiens avec Poutine et son homologue russe Lavrov. Les Américains sont prêts à payer pour s'assurer que ces armes sont en sécurité. Selon le quotidien russe Vremia Novosteï, les deux parties discuteront également de coopération énergétique, commerciale, de coopération concernant l'espace et les divers secteurs d'investissement. Washington, qui a pris conscience que la Russie a immergé de son marasme, s'inquiète de son probable retour comme le “rival” qu'elle a été avant la chute du mur de Berlin. Pour les médias américains, la dynamique est en marche. Ils décrivent de plus en plus souvent la Russie comme un adversaire. D. B.