La confection des listes électorales pour le prochain scrutin n'a visiblement pas été une sinécure pour le plus vieux parti d'opposition, le Front des forces socialistes (FFS). Lors d'une conférence de presse animée hier au siège du parti à Alger, le premier secrétaire, Mohamed Hadj Djillani, a fait état "d'entraves" lors de la collecte des signatures. Des "entraves" qu'il impute à l'administration où certains agents agissent pour le compte des partis du pouvoir, selon lui. "La préparation aux élections locales a été caractérisée par une multiplication d'entraves auxquelles sont confrontés les Algériens pour adhérer à l'action politique. Le climat politique général du pays, les pratiques malsaines et les techniques utilisées pour dissuader la population à participer au scrutin s'inscrivent dans la logique d'encouragement des détenteurs de l'argent sale et les groupes de pression qui ont la mainmise sur l'opération électorale", a déclaré Mohamed Hadj Djillani. "Nous avons des preuves de ces entraves, comme à Chlef et à Aïn Defla où plusieurs signatures n'ont pas été légalisées car les préposés chargés de l'opération appartiennent aux partis du pouvoir", a-t-il dit, allusion au RND et au FLN. Signe de ces difficultés : le parti va s'engager dans la bataille électorale avec 18 listes pour les APW et 348 listes pour les APC réparties à travers 29 wilayas du pays. D'après une source dans l'entourage du parti, le FFS a présenté des listes dans l'essentiel des grandes villes du Nord, de l'Est, de l'Ouest et des Hauts-Plateaux. Il sera, en revanche, absent des villes du Sud, y compris Ghardaïa où plusieurs de ses cadres locaux sont détenus depuis les événements qui ont secoué la vallée du M'zab. Mais les difficultés ne sont pas seulement exogènes, parfois elles sont endogènes, comme à Birkhadem où le parti n'a pas réussi à trouver "un consensus autour de la liste". "Faute de consensus, nous avons annulé la liste. Nous nous excusons auprès des citoyens de Birkhadem", se désole Hadj Djillani. Interrogé pour savoir si le parti n'enregistrait pas un recul, comparé à 2012 où il était présent dans une quarantaine de wilayas, le premier secrétaire du FFS a accusé de nouveau l'administration. "Il y a des empêchements pour qu'on ne soit pas présents. La loi organique est une loi injuste, nous espérons qu'elle sera revue", soutient-il. "Notre participation, dans ces conditions, est déjà en soi du militantisme, une forme de résistance pour s'opposer à ces comportements et s'élever contre ceux qui veulent gager notre pays et siphonner ses ressources." "Notre participation vise aussi à expliquer notre programme politique et à élargir les espaces de lutte pour la construction d'un Etat souverain et démocratique", ajoute-t-il. Qualifiant de "non-événement" la sortie d'Ahmed Ouyahia devant les parlementaires, Mohamed Hadj Djillani a martelé que la "crise n'est pas d'ordre économique, comme veut le faire croire le pouvoir, encore moins financière, mais une crise plus profonde, une crise de confiance et l'absence d'un Etat de droit". "C'est une crise du régime", résume-t-il. "Le recours au financement non conventionnel est une autre façon de gagner du temps pour maintenir le statu quo et empêcher l'émergence d'une solution", assure-t-il avant d'ajouter : "Nous sommes convaincus que le principal souci des gouvernements successifs est le maintien du régime alors que le traitement de la crise exige la construction d'un consensus." Karim Kebir