Le Premier ministre exhorte Sonatrach à lancer une campagne d'explication en vue de convaincre la population. Le gaz de schiste, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, en fait une de ses priorités dans son plan d'action adopté cette semaine par le Parlement. Ouyahia en visite hier au pôle pétrochimique d'Arzew, à l'est d'Oran, a souligné que le gouvernement qu'il conduit encourage l'investissement dans le secteur des hydrocarbures, notamment en ce qui concerne le gaz de schiste, au regard des capacités dont dispose le pays. Et, il a insisté sur la nécessité de faire un effort pédagogique pour expliquer les avantages que l'on peut en tirer. "Nous estimons, a-t-il dit, que le groupe pétrolier national dispose des capacités nécessaires pour expliquer au peuple algérien qu'il ne s'agit pas là d'une démarche aventurière, mais d'une option visant à garantir l'avenir en matière énergétique". Les pouvoirs publics rectifient ainsi le tir concernant l'approche proposée au départ pour investir dans le non-conventionnel. Ouyahia semblait vouloir dire qu'il fallait surtout ne pas laisser filer cette occasion. Pour le Premier ministre, il y a du potentiel dans le non-conventionnel et les moyens dont dispose Sonatrach permettent d'être optimistes quant aux perspectives d'avenir, dans le secteur des énergies de manière globale. Le chef de l'Exécutif, qui s'exprimait à l'issue d'une communication à la raffinerie RA1Z sur le bilan des activités de Sonatrach, a insisté sur la nécessité d'investir dans le domaine du gaz de schiste. L'exploitation des hydrocarbures non conventionnels, le gaz de schiste notamment, revient ainsi au devant de la scène. L'Agence nationale de valorisation des ressources hydrocarbures (Alnaft), a relancé de manière très concrète le dossier, en initiant, il y a quelques mois, une nouvelle évaluation du potentiel de l'Algérie en la matière. Et c'est à l'issue d'un appel d'offres national et international restreint, qu'elle a retenu l'entreprise française Beicip Franlab pour prendre en charge "l'évaluation du potentiel en hydrocarbures non conventionnels, associés aux réservoirs compacts et aux niveaux géologiques roches mères des bassins du domaine minier du Sahara algérien". Il reste que, pour des raisons et des conditions techniques et économiques, l'exploitation du gaz de schiste demeure complexe. Le taux de récupération de ce gaz ne dépassant pas 10%, sa production nécessite une très forte mobilisation de moyens de forage (il faut jusqu'à 100 appareils de forage pour obtenir une production équivalente à 1 appareil pour le gaz conventionnel). Il faut en plus disposer jusqu'à 15 000 m3 d'eau par puits, ce qui va nécessiter, par exemple dans le Sud-Ouest saharien, un très grand nombre de camions citernes. Par ailleurs, et pour éviter la pollution des nappes phréatiques, il faudra munir chaque appareil de forage, d'une installation de traitement du fluide de forage. Au plan des investissements, un forage à 3 000 m pourra coûter jusqu'à 20 millions de dollars. L'investissement requis pour l'exploitation du gaz de schiste, s'élèverait à 300 milliards de dollars dans les dix prochaines années. À noter que la décision d'exploitation du gaz de schiste en 2013 avait provoqué une levée de boucliers, un mouvement de protestation contre ses méfaits. Cette fronde avait conduit le gouvernement de l'époque à renoncer à son exploitation et arrêter les travaux. Cette fois-ci, la question est de savoir si le gouvernement Ouyahia parviendra à convaincre la population de la nécessité d'aller vers la production de gaz de schiste. Youcef Salami