Invitée à une émission sur une télévision offshore, Naïma Salhi, présidente du Parti pour l'équité et la proclamation (PEP) et députée, n'a pas su garder sans sang-froid lorsqu'elle a évoqué Ferhat Mehenni qui venait de déposer un mémorandum à l'ONU. Ainsi, elle a qualifié le chef du MAK de "terroriste", de "traître" envers la nation et de "malade mental", et ce, avant de faire appel aux autorités pour "l'éliminer". Naïma Salhi a souligné qu'elle demandera aux autorités d'"arrêter" Ferhat Mehenni lors d'une intervention qu'elle fera à l'APN dans les jours à venir. Ce n'est pas la première fois que Ferhat Mehenni est attaqué par des responsables politiques, mais aucun, auparavant, n'avait atteint la limite que Mme Sahli vient de franchir en appelant ouvertement à la liquidation d'un militant politique. C'est au moment où le Premier ministre Ahmed Ouyahia a réitéré l'appel des autorités aux terroristes, les vrais, à se rendre pour bénéficier des dispositions de la loi pour la paix et la réconciliation nationale, que Mme Salhi a traité un responsable politique de "terroriste" qu'il faut "éliminer". Mme Salhi ne s'était jamais exprimée lorsque des terroristes connus et reconnus comme tels ont relaté sur des plateaux de télévision comment ils égorgeaient des jeunes Algériens, appelés du Service national, encore moins lorsque ces mêmes terroristes étaient reçus avec les honneurs, en tant que "personnalités nationales" à la présidence de la République, ni lorsque ces mêmes assassins tenaient leur université d'été à Jijel, ni même lorsqu'ils narguaient leurs victimes. Elle trouve, néanmoins, aujourd'hui, le moyen d'accuser aussi gravement une personnalité largement connue pour ses positions tranchées contre l'islamisme et le terrorisme. Naïma Salhi pouvait se suffire de rejeter toute idée d'autonomie ou d'indépendance de la Kabylie, telle que prônée par Ferhat Mehenni, et personne n'aurait crié au scandale. Mais user de sa qualité de chef de parti ou de députée pour se laisser aller à des propos dignes des terroristes du GIA ou de leurs anciens sponsors politiques, qui, eux aussi, appelaient au meurtre, est assurément incompatible avec l'esprit de responsabilité et le sens de la mesure qui devraient être constamment ceux d'une personne prétendant jouer un rôle politique ou participer au débat public. R. N.