Le FMI revoit à la hausse ses projections sur les prix. Il prévoit un taux d'inflation de 5,5% en 2017. Dans son rapport semestriel sur les perspectives économiques mondiales publiées hier à Washington, le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la hausse ses prévisions de croissance concernant l'Algérie en 2017. L'institution financière internationale projette une augmentation du chômage et un ralentissement de l'économie nationale en 2018. La croissance de l'Algérie, lit-on dans le rapport cité par l'APS, atteindrait 1,5% en 2017 contre 1,4% en avril. Elle devrait baisser un peu moins que prévu en 2018 à 0,8% contre 0,6%. Selon ces projections, l'Algérie connaîtra, en un mot, une stagnation de son économie. Comparé au résultat de 2016, 4% de croissance, on assiste, en fait, à un ralentissement de l'économie nationale dû, sans doute, aux effets de la crise financière qui affecte le pays. En outre, le FMI a maintenu inchangées ses prévisions sur le chômage pour 2017. Le taux est estimé à 11,7% en 2017 contre 10,5% en 2016. Le Fonds prévoit une augmentation du chômage en Algérie. Le taux des sans-emploi se situerait à 13,2% en 2018. Cette montée du chômage en Algérie est due aux mesures contenues dans le plan anticrise de Sellal : le gel des recrutements dans la Fonction publique, le gel des nouveaux projets d'investissement publics et la réduction importante des dépenses d'équipements. Ce phénomène est également dû à un climat des affaires contraignant, un frein à l'investissement national et étranger créateur d'emplois. Cette situation contraste avec celle de la fin de la décennie 2000 et le début de la décennie 2010. Période qui correspond à une baisse du taux de chômage. L'Algérie était parvenue avant la crise à faire descendre le taux de chômage sous les 10%. Par ailleurs, les prévisions du FMI sur l'inflation ou hausse des prix sont revues à la hausse. Le taux d'inflation se situerait à 5,5% en 2017 contre 4,8% prévu en avril. Selon le FMI, il devrait baisser à 4,4% en 2018. Là, plusieurs spécialistes algériens sont sceptiques. Ils estiment que la hausse des prix est bien plus importante que celle projetée par le FMI ou affichée officiellement. Pour Noureddine Leghliel, spécialiste des marchés financiers, l'Algérie court vers une inflation à deux chiffres. Le déficit du compte courant, qui couvre une bonne partie de la balance des paiements, connaîtra une baisse en 2018 : -10,8% du PIB contre -13% en 2017 et poursuivra sa baisse pour atteindre -6,7%. Il convient de rappeler ici que le FMI avait suggéré ses recettes en juin dernier en vue d'une sortie de crise de l'Algérie : un recours prudent à l'endettement extérieur, la privatisation des entreprises publiques et un taux de change plus flexible. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, au nom de la préservation de la souveraineté financière du pays, exclut la première option. Quant aux privatisations, elle ne constitue pas une option du gouvernement actuel. Dans le "rétroviseur, on voit" qu'elle présente un risque de bradage du patrimoine public. Le Fmi avait également proposé à l'Algérie la réduction des subventions. Le gouvernement, dans la loi des finances 2018, qui va à contre-courant de cette suggestion, a décidé d'augmenter les transferts sociaux, de maintenir les subventions, considérant que le mécanisme de ciblage des faibles revenus, futurs bénéficiaires de ce filet social, demande du temps pour être opérationnel. Seule concession, l'augmentation des prix des carburants, une hausse de 6 DA à partir de janvier 2018, près de 100% sur trois ans, constitue une mesure de réduction des subventions. Mais elle pénalise une bonne partie des automobilistes. Quant aux prix du lait et du pain, ils resteront soutenus par l'Etat. K. Remouche