Des marins malhonnêtes continuent de pêcher bafouant toutes les lois qui régissent l'activité dans notre pays. La petite sardine, d'une taille marchande de moins de 11 cm, interdite à la pêche conformément au décret exécutif du 20 mars 2000, est toujours pêchée dans les principales zones. Celle commercialisée par les marins n'atteint même pas 6 cm ! Ces agents sont en infraction à la réglementation en vigueur. Le président de la Fédération algérienne de la pêche, Hassen Bellout, craint, réellement, pour l'avenir de la faune et de la flore sur les 14 wilayas côtières du pays. "Le dynamitage détruit tout sur son passage, faisant disparaître la flore et la faune marines à l'endroit dynamité, pendant des dizaines d'années", alerte-t-il. Au cours d'une conférence qu'il a animée hier à Alger, M. Bellout a dénoncé également les méthodes appliquées par ces pêcheurs pour remplir leurs sardiniers. Il parle de "la pêche à la dynamite et au filet qui est interdite et qui effraie la sardine, la contraignant à laisser dans son ventre ses œufs". "Certains marins pêcheurs sans foi ni loi ne respectent aucune réglementation. Ils pêchent dans n'importe quelle zone, en utilisant tous les moyens à leur portée", regrette-t-il. La pollution qui s'empare de la mer a poussé aussi les produits halieutiques à migrer vers d'autres mers. "Sur les 33 ports de pêche au niveau national, les ports de seulement cinq wilayas côtières, telles Alger, Béjaïa, Jijel, Skikda et El-Tarf, se conforment à la réglementation", a alerté le président. "La quasi-totalité des ports de pêche répartis sur la côte ouest allant de Bou Haroun (Tipasa) à Ghazaouet (Tlemcen) utilisent la dynamite qui engendre des répercussions négatives sur les stocks vitaux des ressources halieutiques", précise-t-il encore. Le poisson est aujourd'hui en train de quitter les côtes algériennes. Ces trois facteurs feront "de la mer Méditerranée, d'ici à 25 ans, une mer morte", déplore le président de la fédération. La sardine, qui était abondante à un certain temps, est devenue l'une des 11 espèces menacées. D'autres raisons sont, en outre, à l'origine de ce qu'il appelle "catastrophe". Il cite, notamment, le non-respect des périodes de repos biologique ou encore l'extraction anarchique du sable des côtes et le pillage du corail. Ce sont autant d'irrégularités constatées dans cette activité qui échappe malheureusement au contrôle des gardes-côtes et de la police des mers. Par ailleurs, M. Bellout rappelle le sardinier qui a coulé à Beni Saf provoquant la mort de deux marins pêcheurs à cause de la surcharge de leur navire. Un sardinier, explique-t-il, ne doit pas transporter plus de 24 caisses. Or, dans cet accident, l'on a recensé près de 300 caisses ! "Imaginez que les 3 100 sardiniers en activité transportent chacun 200 caisses. C'est insoutenable !", déclare-t-il. Par ailleurs, et face à la demande qui dépasse l'offre, les pratiques illégales et le laxisme des responsables concernés, le prix inaccessible de la sardine décourage encore les petites bourses. "Si nous continuons à ce rythme, nous n'aurons plus de sardines chez nous", avertit M. Bellout. Le secteur de la pêche enregistre une stagnation dans la production avec 100 000 tonnes de ressources halieutiques produites annuellement contre une demande estimée à 200 000 t/an. Ce net déséquilibre entre l'offre et la demande est la raison pour laquelle les prix du poisson demeurent inabordables pour une large couche de consommateurs. B. K.