Le président de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (Hiise), Abdelwahab Derbal, continue, à l'entendre, à croire en la possibilité de la tenue d'élections propres et transparentes quand bien même il relève des lacunes et des failles de taille dans les dispositifs juridique et administratif. Il en est même certain si, selon ses propos, les partis politiques de l'opposition, ces partenaires, comme il les qualifie, le soutiennent dans cette mission, notamment la surveillance de toute l'opération électorale. Cependant, depuis qu'il a commencé sa tournée dans les wilayas et dans ses interventions, Abdelwahab Derbal n'a pas cessé de relever des failles dans l'arsenal juridique encadrant les élections, ouvrant ainsi la voie aux dépassements, allant jusqu'à évoquer "l'achat des consciences" en référence à l'achat des signatures et des places dans les listes de candidatures. Une question morale qu'il reconnaît explicitement sans pouvoir pour autant proposer des solutions. Lui, surtout qui invite les partis politiques à "lui" faire des propositions pour l'amendement de la loi électorale. D'ailleurs, a-t-il reconnu, sur un autre registre, ne pas savoir ce qu'il est advenu des plaintes déposées auprès des procureurs. Un aveu de faiblesse tout autant que celui relatif à l'achat des signatures ou des places sur les listes qu'il reconnaît et que son instance est incapable de contrer ou de juguler, encore moins de trouver une proposition à intégrer dans le code électorale à même de mettre fin à ce phénomène. Il a évoqué lors d'une récente conférence le fichier électoral qui n'est pas encore totalement assaini, même si M. Derbal fait l'éloge des avancées enregistrées par l'administration dans la numérisation du fichier de l'état civil. Il le dit sous forme de réponse rassurante pour les partis de l'opposition, ne prenant, toutefois, de leur revendication que l'aspect assainissement du fichier, alors qu'ils réclament l'accès au fichier électoral, qui est, selon eux, une garantie pour un scrutin transparent. Il finira, du moins pour l'instant, sa liste par un autre aveu d'échec. Il a, en effet, reconnu l'incapacité de l'instance qu'il préside à contrôler les financements de la campagne. Il a ainsi avoué qu'il est impossible de contrôler les comptes de campagne. Cela alors que les partis politiques participant aux élections sont tenus de présenter des bilans financiers de leur campagne, notamment pour les remboursements (quote-part de l'aide de l'Etat). Des bilans qui sont normalement accessibles, y compris pour la Hiise. Auquel cas, sa déclaration vaudrait une reconnaissance de l'existence de financements "parallèles" ou non déclarés utilisés lors des campagnes. Un autre phénomène donc qui entache les scrutins et auquel l'instance de M. Derbal n'a aucun moyen d'y faire face. Malgré toutes ces lacunes, M. Derbal estime que la présence des observateurs étrangers n'est pas indispensable. Bien évidemment, le président de la Hiise vise par cette déclaration les observateurs européens qu'il avait accusés de ne pas avoir respecté les règles protocolaires lors de la transmission de leur rapport sur les élections législatives du 5 mai dernier. Et d'avoir fuité son contenu dans la presse. Accusation qu'ils avaient rejetée en précisant avoir transmis le rapport à la représentation diplomatique algérienne à Bruxelles. Djilali B.