La sortie du président de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE), Abdelwahab Derbal, sur l'impossibilité d'assainir le fichier électoral jette un supplément de doute sur le déroulement et l'issue de les prochaines élections législatives. Les accusations de fraude, lors des rendez-vous électoraux successifs, ont de tout temps désigné la manipulation du fichier électoral par l'administration comme un des principaux moyens de détournement des voix des électeurs. C'est à cause de cette pratique d'ailleurs que des morts continuent de voter en Algérie. Abdelwahab Derbal, censé rassurer et agir pour garantir la régularité du scrutin, prouve par sa déclaration l'inaptitude de l'instance qu'il préside à apporter les assurances d'une élection libre et transparente. Le fichier électoral est l'arme de la fraude que l'HIISE veut ignorer en justifiant ne pas pouvoir l'épurer. «C'est un premier aveu que l'élection ne sera ni libre ni transparente, et qu'elle ne se déroulera pas dans des conditions normales et démocratiques», estime Hassen Ferli chargé de communication au FFS. Contacté hier, M. Ferli considère que cette déclaration de Derbal «nous prépare à la fraude». Le FFS a toujours demandé un assainissement du fichier et de permettre aux partis d'y accéder, ne pas le faire est une grave atteinte à la régularité du vote. «Derbal cherche à justifier son incapacité à assurer la transparence de la prochaine élection… Attendre la convocation du corps électoral pour déclarer l'impossibilité d'assainir le fichier électoral est une honte pour l'instance qu'il préside. Pour moins que ça dans les pays qui se respectent on démissionne», souligne pour sa part Athman Mazouz, responsable de la communication au RCD, dont la position sur cette commission est de dire qu'elle ne pourra garantir la régularité du prochain scrutin. «Sa déclaration a au moins le mérite de renforcer notre conviction que seule l'installation d'une vraie instance indépendante de gestion et de contrôle des élections peut garantir le choix du peuple.» Le Parti des travailleurs s'interroge, quant à lui, sur les prérogatives de l'HIISE et se demande comment elle pourra garantir la transparence des élections si elle ne peut intervenir pour assainir le fichier, vérifier le déroulement du vote des militaires et interdire la pratique d'achat des voix des électeurs par les candidats nantis. «Le problème numéro un qui se pose à chaque élection est l'utilisation du fichier électoral pour frauder. Nous disons que non seulement il faut assainir le fichier électoral, mais aussi permettre aux partis de vérifier s'il comporte des irrégularités. Il faut que ce problème soit réglé à l'échelle nationale, car non seulement il y a des cas de décès non inscrits, mais le fichier renferme aussi de nombreux cas de double inscription pour les personnes ayant changé de résidence... C'est inconcevable que ladite Instance ne peut pas intervenir pour empêcher la manipulation frauduleuse du fichier électoral», déclare Djelloul Djoudi responsable au PT. Notre interlocuteur soulève une autre aberration dans les déclarations de Derbal, concernant le vote des éléments de l'Armée nationale populaire et disant ne rien pouvoir faire. «Le problème des doubles inscriptions se pose aussi pour les militaires. En 2012 déjà, nous avions soulevé la problématique de l'inscription globale des militaires. Les noms des éléments de l'ANP n'ont pas été barrés de leurs lieux de résidence et on a présenté des listes toutes prêtes validées par les magistrats. L'Instance de surveillance des élections est tenue d'intervenir si elle veut jouer son rôle de garant de la transparence des élections. De même qu'elle se doit de réagir sur les cas de vente et d'achat de voix d' électeurs», précise encore M. Djoudi.