Le ministre de l'Energie trouve inconcevable que dans notre pays des opérateurs se plaignent de lourdeurs bureaucratiques. Le nouveau ministre de l'Energie veut-il secouer les managers des entreprises et des agences du secteur face aux difficultés que connaît actuellement la branche ? La rencontre portes ouvertes organisée par l'Alnaft sur la relance de l'investissement étranger dans le secteur des hydrocarbures a connu, en effet, un nouveau coup de gueule du premier responsable du département Energie. Un geste qui en dit long sur la gravité des pratiques bureaucratiques en vigueur dans la branche. "Soyez-plus précis. Vous devez donner un signal prouvant que ça a changé", a-t-il réagi à la réponse d'Arezki Hocini, le nouveau président de l'Alnaft, l'Agence nationale de valorisation des hydrocarbures, à la question du représentant de la compagnie chinoise CNPC sur la question des longs délais pour octroyer le feu vert à un plan de développement d'un gisement de pétrole ou de gaz en association avec une compagnie étrangère. Puis il débitera les griefs des compagnies étrangères concernant ce point : "En Norvège, cela prend un mois pour délivrer le feu vert à un plan de développement d'un gisement, en Algérie 18 mois. Cela doit changer. Alnaft reçoit les représentants des compagnies internationales une fois par semaine. Ce sera désormais chaque jour, même le samedi. C'est fini, cette attitude bureaucratique : l'associé de Sonatrach sait quand il déposera son dossier mais ne sait pas quand il recevra la réponse. Il arrive qu'après plusieurs semaines, Alnaft le convoque pour compléter son dossier et prend encore des semaines et des semaines pour lui donner une réponse. La compagnie étrangère doit savoir quand elle recevra une réponse. Elle doit être associée dans le suivi de son dossier. Les délais de réponse doivent étre réduits. Vous devez donner un signal non pas qu'on va changer les choses mais qu'on les a changées". Dans son allocution d'ouverture de la rencontre, le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni, d'ailleurs, n'a pas été tendre à ce sujet devant un parterre de représentants de 30 compagnies étrangères présentes en Algérie : "Permettez- moi de vous faire part de notre résolution ferme à faire la guerre à la bureaucratie et à lever les entraves légales et administratives à l'investissement. Notre système de prise de décision et d'initiative doit être révolutionné : devenir plus souple, plus indiqué à favoriser l'investissement. Il est inconcevable, aujourd'hui, que dans notre pays des opérateurs se plaignent de lourdeurs bureaucratiques auxquelles ils sont soumis pour le démarrage et la mise en œuvre de leurs projets. Les réformes institutionnelles et juridiques que nous menons visent de façon permanente, à mettre en place un espace plus convivial pour le doing business. Voilà pourquoi Alnaft mais encore notre administration en général doivent répondre à cet impératif". En fait, l'opportunité de la rencontre a été saisie par Mustapha Guitouni pour lancer deux signaux aux compagnies pétrolières internationales : nous allons débureaucratiser pour réinstaurer la confiance et réviser la loi sur les hydrocarbures pour rendre plus attractif le domaine minier national. La finalité est de lever les réticences des compagnies étrangères à investir dans le domaine de l'exploration et le développement de gisements. L'objectif est de relancer l'investissement étranger dans le secteur sans lequel il est vain de s'attendre à un développement rapide des richesses nationales en hydrocarbures découvertes mais non encore exploitées. Loi sur les hydrocarbures : les premières moutures en juin 2018 Dans la foulée, le premier responsable du secteur a esquissé dans ses réponses à la presse les mesures qui seront prises pour débureaucratiser le secteur des hydrocarbures : l'informatisation des services, la mise à la disposition des partenaires étrangers d'un guide pour investisseurs dans le secteur pétrolier. À la question sur la révision de la loi sur les hydrocarbures, il a indiqué que les premières moutures de la loi sur les hydrocarbures seront prêtes en juin 2018. "Sa promulgation est prévue vers la fin de l'année 2018". Pourquoi faut-il autant de temps ? C'est dû aux aspects techniques, a-t-il laissé entendre. Gaz de schiste : "Ce n'est pas pour demain" Sur le gaz de schiste, le ministre de l'Energie n'a pas été aussi catégorique quant à son exploitation, une option du gouvernement Ouyahia. "Ce n'est pas pour demain. C'est au stade des études. Il faut au moins cinq à dix ans pour pouvoir exploiter le gaz de schiste", s'est-il contenté de répondre. K. Remouche