Le traitement réservé par les autorités algériennes aux migrants en situation irrégulière en Algérie inquiète les ONG. Dernière en date à exprimer ouvertement ses appréhensions au regard du «climat délétère» et des «conditions» dans lesquels évoluent ces migrants, la Fédération internationale des droits de l'Homme (Fidh). Dans un communiqué publié hier sur son site internet, la Fidh a appelé les autorités algériennes à «cesser la chasse aux migrants et aux réfugiés». «Les organisations signataires demandent au gouvernement algérien, en application de la Convention de l'Union africaine régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique et de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, toutes deux ratifiées par l'Algérie, de mettre en place : un système de protection effectif pour les personnes en recherche de protection internationale sur son territoire ; cesser les rafles, enfermements arbitraires et expulsions collectives dont font l'objet des personnes migrantes vivant sur le sol algérien et garantir à toute personne sans discrimination l'accès aux transports publics et de cesser toute menace à l'encontre des chauffeurs», écrit le mouvement mondial des droits de l'Homme. «Le pays ne dispose pas de politique d'accueil ou de dispositions claires permettant aux personnes migrantes de régulariser leur séjour. Les personnes d'Afrique subsaharienne établies en Algérie et ne disposant pas de carte de séjour ne peuvent donc compter que sur la tolérance - toute relative - des autorités algériennes à leur égard. Depuis des années, celles-ci alternent périodes ‘d'accalmie' et de répression. Une tolérance qui s'est désormais faite intransigeance», critique la Fidh. Dans ce contexte, elle relève que les «expulsions interviennent alors que le débat public sur les migrants est instrumentalisé et radicalisé», en rappelant les déclarations d'Ouyahia et de Messahel. Le Premier ministre avait, à titre de rappel, estimé que les migrants étaient «une source de criminalité, de drogue et de plusieurs autres fléaux», tandis que le ministère des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, lui, les qualifiait de «menace pour la sécurité nationale». La Fidh évoque également la récente directive de la direction des transports de Mostaganem visant à empêcher «la mobilité des migrants» et la campagne «raciste» sur les réseaux sociaux. Depuis 2014, plus de 18 000 personnes ont été expulsées vers le Niger avec l'accord des autorités nigériennes, rappelle la Fidh alors que depuis le début du mois d'octobre, plus de 500 ressortissants du Niger, Mali, Cameroun et de Côte d'Ivoire ont été arrêtés. Karim K.