Les conditions de séjour des migrants subsahariens ne cessent de se dégrader. Le traitement que leur infligent les autorités n'est pas fait pour alléger leurs souffrances. Pis encore, la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) évoque un «climat délétère» dans lequel vivent les migrants. Dans une déclaration rendue publique, elle interpelle à ce propos le gouvernement algérien et le presse de «cesser les rafles, enfermements arbitraires et expulsions collectives dont font l'objet des personnes migrantes vivant sur le sol algérien». L'organisation de défense des droits de l'homme demande également aux autorités algériennes de «mettre en place un système de protection effectif pour les personnes en recherche de protection internationale sur son territoire» et de «garantir à toute personne sans discrimination l'accès aux transports publics et de cesser toute menace à l'encontre des transporteurs». Se basant sur les récentes reconduites aux frontières, l'ONG se dit préoccupée par l'évolution inquiétante dans le traitement réservé aux migrants. «Depuis le début du mois, plus de 500 ressortissants du Niger, du Mali, du Cameroun et de Côte d'Ivoire ont été arrêtés.» Certaines des personnes interpellées disposeraient d'un droit au séjour ou seraient reconnues réfugiées sous mandat HCR. «Des centaines de ces migrants auraient été enfermés au camp de Zéralda, à l'ouest d'Alger, dans des conditions précaires puis transférés à Tamanrasset, dans le sud du pays, avant d'être abandonnés dans le désert», a recensé la Fédération internationale des droits de l'homme. L 'organisation rappelle que depuis 2014, «plus de 18 000 personnes ont été expulsées vers le Niger avec l'accord des autorités nigériennes». Loin de se cantonner aux seuls Nigériens, ces expulsions concernent également «les ressortissants d'autres pays d'Afrique subsaharienne comme en décembre 2016, où 1200 personnes furent renvoyées.» La FIDH relève que les opérations d'arrestation, d'enfermement et de déportation vers des zones désertiques «interviennent dans un contexte fortement dégradé pour les personnes étrangères en Algérie». Un contexte marqué aussi par des déclarations hostiles de responsables politiques qui ont entraîné un déchaînement contre la présence des ressortissants des pays subsahariens. La Fédération des droits de l'homme rappelle les propos choquants d'Ahmed Ouyahia à ce sujet. «Ces expulsions interviennent alors que le débat public sur les migrants est instrumentalisé et radicalisé.» Ainsi, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, accusait publiquement en juillet 2017 les personnes migrantes d'être «une source de criminalité, de drogue et de plusieurs autres fléaux» en Algérie. Alors que le ministre des Affaires étrangères les qualifiait de «menace pour la sécurité nationale». Ces déclarations ont été suivies d'une détestable campagne xénophobe sur les réseaux sociaux intitulée «Non aux Africains en Algérie», regrette la FIDH. L'épisode scandaleux de la direction des transports de la wilaya de Mostaganem n'a pas non plus échappé au radar de la FIDH. Les autorités ont par ailleurs pris des mesures coercitives pour empêcher la mobilité des personnes migrantes sur son territoire. Ainsi, le 24 septembre 2017, le ministère des Transports a émis la consigne n°2016, qui interdit aux chauffeurs de bus et de taxi de transporter des «migrants illégaux», dénonce l'ONG. En somme, la FIDH déplore l'absence d'une «politique migratoire claire» et que le pays ne «dispose pas de politique d'accueil ou de dispositions claires permettant aux personnes migrantes de régulariser leur séjour.»