Le ministre de la Communication, Djamel Kaouane, s'est donné, hier, pour la première fois depuis sa nomination, à l'exercice de questions-réponses plus de deux heures, le temps qu'a duré le Forum d'El Moudjahid où il était invité à l'occasion de la Journée nationale de la presse, instaurée par le président Abdelaziz Bouteflika. Une occasion pour l'ancien journaliste-maison, El Moudjahid, de faire étalage de sa feuille de route chargée des projets déjà annoncés dans le plan d'action du Premier ministre. Le tout est, bien sûr, dicté par le président Bouteflika. Il s'agit, entre autres, de la mise en place de l'Autorité de régulation de la presse écrite (Arpe), de l'agrément des chaînes thématiques de télévisions privées, de l'installation du Conseil d'éthique et de déontologie, ainsi que de la réactivation du Fonds national d'aide à la presse. Si le ministre mise sur l'échéance, plutôt vague, de l'année prochaine (2018) pour l'exécution de son agenda, il ne donne, néanmoins, pas de détails précis sur le contenu de ces projets. Il s'est contenté, en effet, d'affirmer que, par exemple, le fonds d'aide à la presse sera réactivé à l'effet d'aider les entreprises de presse à "amortir le choc de la crise". Mais pour les modalités de son exécution et de ses bénéficiaires, il faut attendre, dit-il, les résultats de l'étude qui sera incessamment engagée par son département et la définition par le gouvernement du budget qui sera alloué à ce fonds. M. Kaouane n'en dira pas plus sur les autorisations des chaînes privées, limitées au nombre de sept dans l'arrêté ministériel publié dans le récent Journal officiel. Cette tâche, souligne-t-il, relève des prérogatives de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav) qu'il présente comme une institution "autonome". Pourquoi la limitation des chaînes privées à autoriser à sept seulement ? Le ministre a répondu que l'appel à candidature "n'est pas exclusif" et qu'il pourra donc être relancé à tout moment, une fois le premier "quota" lancé. Mais alors, quel sera le sort des chaînes déjà en service qui pourraient bien disparaître dans la foulée des sept premières autorisations qui seront délivrées ? Cette question a été habilement éludée par le ministre. Il bottera également en touche quand abordera l'Autorité de régulation de la presse écrite (Arpe). Annonçant sa mise en place "d'ici à la fin de l'année", M. Kaouane se limitera à dire que cette autorité aura "de grandes prérogatives". Après avoir affirmé, récemment, que la censure existerait "davantage dans les médias privés que dans ceux du public", le ministre a tenu à rectifier le tir, hier, en soulignant qu'il ne parlait que par rapport à une "expérience personnelle". "En évoquant la censure, en réalité, je parlais de mon expérience personnelle. En effet, je n'ai jamais été censuré durant les trois décades durant lesquelles j'ai travaillé dans la presse publique", a-t-il assuré, non sans reprocher à des annonceurs de faire pression sur certains journaux pour la censure d'articles n'allant pas dans le sens de leurs intérêts. "Ma petite expérience dans un média privé (Le Temps d'Algérie, Ndlr) m'a, en effet, permis de vérifier de près que des opérateurs, notamment dans les domaines de la téléphonie et de l'automobile, obligent souvent des éditeurs privés à censurer certains articles, ce qui n'a jamais existé dans les médias publics", a-t-il commenté. Farid Abdeladim