RESUME : Djamila a été très émue de la surprise faite par ses enfants. Au petit matin, tous repartent. Elle se rend à son travail. Une autre surprise : Madjid est revenu. Il la trouble en parlant franchement de ce qu'il ressent depuis la veille pour elle. - Non, non, je ne voulais pas vous effrayer, dit Madjid en bloquant la porte du pied. Pardonnez ma spontanéité. Je ne voulais pas perdre de temps. J'ai passé ma vie à chercher. Maintenant que je vous ai trouvée, je ne peux pas. Je voudrais rester calme et aller doucement mais j'ai peur que vous disparaissiez.Vous comprenez ? Djamila secoue la tête pour dire non. Elle évite toujours son regard. Elle ne voudrait pas qu'il sache qu'il a réussi à la troubler. - Partez ! s'il vous plaît. - Pourquoi, vous n'acceptez pas ? - Je vous en prie, partez ! dit-elle. Les voisins vont vous remarquer. Madjid s'écarte comme s'il venait d'être éclairé d'une brillante idée. - Si vous n'acceptez pas, je crie et j'ameute tous les voisins, la prévient-il. Si j'étais vous, je n'hésiterais pas une seconde ! - Je vous en prie. Quand il se met à chanter à tue-tête, elle pose la main sur son cœur. Puis elle lui fait signe de se taire. - C'est bon, j'accepte ! - Je passe vous prendre à midi, propose-t-il. Ce ne sera pas trop tôt ? - Non, inutile de revenir, je peux me débrouiller toute seule, dit-elle. Je vous retrouve où ? - Au restaurant “X”, en face du lycée. À tout à l'heure. Djamila referme vite la porte et s'y adosse. Elle porte la main à la tête. - Mais qu'est-ce qui m'a pris d'accepter ? C'est de la folie. Elle en est persuadée. Madjid est jeune. Après quinze années de veuvage, elle devrait être plus raisonnable. Hier au soir, elle avait fêté ses cinquante-et-un ans. Ce n'est pas à son âge qu'elle va se laisser entraîner dans une histoire amoureuse. Pourquoi avoir accepté de déjeuner avec lui ? Elle se rappelle tous les prétendants à qui elle a dit non. Pourquoi trouvait-elle alors normal de tous les refuser ? En y réfléchissant, elle se dit que sa famille comptait sur elle et toutes ses responsabilités avaient eu un certain poids dans ses refus. Oui. Mais ce n'est pas à cinquante-et-un ans que je vais m'y mettre. Djamila sursaute quand on sonne. Elle prend tout son temps pour ouvrir, vérifiant avant que ce n'est pas Madjid. Mais ce sont des malades. Elle les accueille gentiment. Cependant, leur présence ne l'empêche pas de penser à elle, à Madjid. C'est une relation impossible. Elle a l'âge de sa mère. Elle décide de se rendre au déjeuner. Non pas pour lui donner l'espoir d'une relation mais pour lui faire entendre raison. Elle n'est pas faite pour lui et pour personne d'autre. Il mérite mieux qu'une femme âgée pour partenaire à vie. (À suivre) A. K. [email protected]