RESUME : Madjid ne l'a pas cru tout de suite. Elle doit lui montrer sa pièce d'identité pour y croire. Mais, comme il le lui explique, il est amoureux d'elle. Leur différence d'âge n'est pas un problème pour lui. Djamila n'est pas du même avis. Elle perd patience et part. Djamila est retournée à son travail. Des malades attendaient devant l'entrée. Elle ouvre le cabinet et elle s'occupe d'eux. Dr Zoheir ne tarde pas à revenir de son déjeuner. L'après-midi se passe sans incident. Elle n'aura pas une seconde à elle. Deux patientes resteront à papoter sur leurs problèmes de famille et, parfois, elle donnera son avis. En fin de journée, lorsqu'elle rentre chez elle, elle voudrait ne plus penser à Madjid, à tout ce qui s'est dit durant le déjeuner. Mais, il est là. Il attend devant sa maison. Elle s'emporte : - Mais, qu'est-ce que vous faites ici ? l'interroge-t-elle. - J'avais retenu votre adresse et il fallait que je vous parle, répond Madjid, en lui barrant le passage. Je vous en prie, accordez-moi quelques minutes. - Poussez vous. Je n'en peux plus de votre harcèlement, dit-elle. Depuis hier, vous avez empli ma vie. - La mienne aussi était vide avant-hier, soupire Madjid. Laissez-moi entrer. - Non, partez tout de suite. Je vous en prie, les voisins sont en train de nous regarder. - Qu'ils aillent au diable ! rétorque Madjid. Je veux juste vous parler. Vous ne me faites pas confiance ? - Cela ne se fait pas. Partez. Oubliez-moi. Madjid la laisse entrer chez elle. Djamila ne se tourne pas une seule fois. Elle prend le soin de fermer à clef, même si elle sait qu'il n'osera pas la suivre jusqu'ici. Elle va à la fenêtre et, sans tirer le rideau, elle regarde. Il est encore là. Il regarde vers la fenêtre. Il doit sentir sa présence. Elle recule. - Pourquoi t'entêtes-tu à écouter ton cœur ? pense-t-elle. Tu ne vois pas que rien n'est possible. Ma vie est derrière moi. Je n'ai plus l'âge de fonder un foyer. Ces choses ne sont plus pour moi. Ce sont à mes enfants de les vivre. Madjid est resté longtemps. Elle aussi n'a pas bougé. Pendant tout ce temps, elle a tenté de se convaincre qu'elle est indifférente à son charme. Elle s'efforce de ne pas écouter son cœur. En plus d'être flattée par le fait qu'un jeune puisse encore la trouver belle, elle sent qu'il est sincèrement amoureux d'elle. Il y a tant de tristesse dans son regard. Autant de tristesse qu'elle en a dans son cœur. Depuis hier, elle a réalisé combien sa vie était vide. Ses fils ont leur propre vie et sa fille aura bientôt la sienne. Certes, Nadia est encore étudiante et vit à la cité, mais, un jour, elle se mariera. Elle sera plus seule que jamais. Comme pour lui prouver le contraire, le téléphone sonne. Djamila va répondre. Elle est surprise d'entendre sa sœur à l'autre bout du fil. Hakima s'est rappelée son anniversaire. - Joyeux anniversaire, lui dit-elle. Je te souhaite une longue vie, pleine de bonnes choses. - C'est gentil, répond Djamila. Tu sais, je n'ai plus trente ans. - Mais la vie continue, réplique sa sœur. Tu es encore belle et je suis sûre que tu dois avoir du succès. - Tu ne peux pas t'imaginer comme tu dis vrai, soupire Djamila. Hakima sent combien sa sœur est triste. Elle veut en connaître la raison. Les questions qu'elle lui pose tournent autour des enfants. Mais elle est vite rassurée. Ils vont bien. - Alors, c'est quoi ton problème ? Djamila hésite à se confier. Pourtant, elle en ressent le besoin. (À suivre) A. K. [email protected]