Bien qu'accablant, en premier, les clubs de l'élite professionnelle dans ses deux paliers, le triste rapport du service juridique fédéral relatif aux énormes dettes à payer tel que statué par la CRL interpelle tout aussi bien la FAF sur l'impérativité de trouver rapidement une parade réglementaire à même de mettre fin à cette absurde situation. Dans son rapport sur les affaires traitées par la commission de résolution des litiges, ce même service juridique de la FAF a annoncé que "conformément aux décisions prises lors de la dernière réunion du bureau fédéral, une troisième et dernière mise en demeure a été envoyée le 2 octobre 2017 aux clubs ayant des dettes vis-à-vis de joueurs ou d'entraîneurs, les enjoignant de régulariser leurs situations financières avant le 15 décembre 2017". Il a même été précisé, cette fois-ci, que le cas échéant, autrement dit au cas où les clubs concernés se refuseraient à une telle solution à l'amiable, "les dispositions réglementaires seront appliquées à leur encontre". Comprendre, mettre la machine répressive en branle avec défalcation de points, rétrogradation ou encore, comme l'a explicité l'instance fédérale, "le principe de l'accession administrative, à savoir qu'un club ayant réussi à assurer son accession sur le plan sportif ne verra pas son accession entérinée dans le cas où il n'aurait pas régularisé sa situation financière". Pourtant, mardi 3 juillet dernier, la FAF avait clairement affiché son mécontentement en avertissant les 12 clubs sur les 16 composant la Ligue 1 de football qu'ils étaient "interdits de recrutement pour la saison 2017-2018 et traduits devant la commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP) pour dettes impayées envers joueurs et entraîneurs", n'hésitant du reste aucunement à black-lister le MC Oran, le CS Constantine, l'USM El-Harrach, le CR Belouizdad, l'ES Sétif, le MC Alger, la JS Saoura, l'Olympique Médéa, l'USM Bel-Abbès ainsi que les trois relégués que sont le Rapid de Relizane, le MO Béjaïa et le CA Batna. Seuls l'USM Alger, le NA Hussein Dey, le DRB Tadjenanet et la JS Kabylie ont échappé à cette décision pour n'avoir eu aucun litige "déclaré" avec leurs joueurs et entraîneurs respectifs, précisait, en parallèle, la même source. Et d'ajouter qu'en Ligue 2, le RC Arba, l'USM Blida, le CA Bordj Bou-Arréridj, l'AS Khroub, la JSM Béjaïa, la JSM Skikda, l'ASO Chlef, l'US Biskra et le CRB Aïn Fekroun étaient "aussi interdits de recrutement jusqu'à apurement de leurs dettes". "Au 19 octobre 2017, le montant global des dettes des clubs de la Ligue 1 Mobilis vis-à-vis de joueurs et d'entraîneurs est de 318 565 934 DA, en plus de 2 925 000 DA de frais de procédure. Pour ce qui est de la Ligue 2 Mobilis, le total des dettes des clubs vis-à-vis de joueurs et d'entraîneurs s'élève à 231 443 195 DA en plus de 3 350 000 DA de frais de procédure. Même des clubs évoluant dans les paliers amateurs cumulent des dettes anciennes, dont le montant global est de 342 173 397,48 DA, en plus de 2 200 000 DA de frais de procédure", certifiera, avec force détails, le communiqué de la FAF. Et alors, on annule le mercato ? Autrement dit, les dettes des clubs de l'élite professionnelle algérienne s'élèvent à exactement 556 284 129 DA auxquels il faudra ajouter les 344 373 397,48 DA du "monde amateur". Prenant "acte du peu de cas fait par les clubs endettés aux demandes répétées de la FAF de régulariser leurs situations financières respectives alors que se rapproche l'ultimatum fixé au 15 décembre 2017", le BF risque, en fait, de se retrouver face à un gigantesque imbroglio juridico-administratif au cas où ces mêmes clubs refuseraient de s'astreindre à cette dernière mise en demeure. Pour diverses raisons, la FAF pourrait, ainsi, se retrouver face à un nombre conséquent de clubs, peut-être même la totalité des 12, qui ne pourraient tenir leurs engagements, comme cela s'est fait à l'intersaison. Ira-t-elle, dès lors, leur réserver le même sort qu'au RCR la saison dernière avec une défalcation de points ? Interdira-t-elle les 12 clubs de recrutement au risque que l'existence même du prochain mercato hivernal s'en trouve carrément menacée ? Autant de questions lancinantes auxquelles la FAF doit trouver des parades juridiques et empiriques convaincantes, d'autant plus que son propre service juridique avait soulevé, lors de la récente réunion du BF, "le problème de clubs qui envoient des justificatifs de paiement concernant des litiges bien après que la CRL eut délivré son verdict, ainsi que celui de la méconnaissance des règlements de la CRL par certains clubs, citant le cas de deux dossiers rejetés pour vice de forme, les requérants n'ayant pas réglé préalablement les frais de procédure", ou encore "l'irrecevabilité de pièces justificatives car concernant des paiements en espèces, ce qui est interdit par la réglementation". Un véritable sac de nœuds auquel la FAF doit trouver une solution, quitte à innover. R. B.